La renaissance d'un combi VW

Le combi VW est un peu l’ancêtre du camping-car. C'est aussi une forme de mythe. Et quand par bonheur, un amateur averti en trouve un dans un champs en Dordogne, il se lance dans une vaste opération de restauration. C'est l'aventure dans laquelle a versé Pierre Fontanier, un photographe passionné de BD et de VW. Récit d'une restauration réussie !

  • Martin après restauration © Pierre Fontanier
Martin après restauration © Pierre Fontanier

Janvier 2018 : Martin, mon Combi VW T2A Baywindow Campmobile, sort enfin de l’atelier. Après une restauration qui a duré près de quatre ans, ce vieux pépère de cinquante ans est comme neuf. Il est surtout prêt à repartir sur les routes.

Martin est sorti des chaînes de l’usine historique Volkswagen de Wolfsburg, en Allemagne, le 7 mars 1968. Près de cinquante ans plus tard, la carrosserie rouillée et cabossée a besoin d’une sérieuse cure de jouvence. Sans parler du moteur et du châssis, usés par les milliers de kilomètres parcourus sur des routes pas toujours bien entretenues. Mais l’état désastreux du véhicule ne va pas m’empêcher de réaliser un de mes grands rêves : restaurer un VW T2. La tâche est rude et mieux vaut faire appel à des spécialistes. Mon métier de photographe me fait rencontrer Aurore Brodelle et Aurélien Bourgeot. Elle est mécanicienne et lui carrossier. Tous deux tiennent l'atelier Ailettes & Carbus situé à Pont-Aven (Finistère). Ce sont surtout deux passionnés des vieilles mécaniques qui se sont spécialisés dans la remise en état de voitures anciennes, avec un faible pour les Combi VW. De vrais fondus des moteurs refroidis à l'air.

C’est Aurélien qui repère, à Toulouse, un T2A de mars 1968. Ce modèle devenu rare avait succédé au fameux Split de la première série lancée par Volkswagen. Rendez-vous est immédiatement pris dans la Ville rose le 28 septembre 2013. Prévoyants, nous descendons avec un camion-plateau. J'essaie la bête avec une certaine fébrilité. Aurore et Aurélien passent la mécanique, le châssis et la carrosserie au crible. Le coup est jouable, et l’affaire est conclue avec le vendeur.

Un travail de titan

Aurore se lance dans la remise en état du moteur de 1 600 cm3. Elle ne change que les pièces indispensables. Nous ne cherchons pas à obtenir un véhicule de concours, mais bien un fourgon aménagé destiné à rouler comme tout autre camping-car. Aurélien s'attaque à la carrosserie, perforée çà et là par la rouille. Depuis ses premiers kilomètres parcourus à Monaco, les quelques modifications, souvent hasardeuses, réalisées par quelques-uns des propriétaires précédents, suivies des deux années passées dans un champ n’ont pas arrangé les choses.

Toute la tôle est méticuleusement poncée. Au fil de l’avancée des travaux, notre carrossier découvre du mastic de salle de bains, de vieux journaux et même du papier toilette pour boucher des trous dans la carrosserie.

La face avant est refaite d'origine. Les supports de cric et une kyrielle d'autres pièces sont remplacés. Pour la couleur de la carrosserie, nous choisissons le violet pour le bas de caisse et du crème pour la partie haute, les jantes et les pare-chocs.

Bouche à oreille et débrouille

Pour l’aménagement intérieur, je fais appel à Christophe Rodriguez, un ami, et aux employés de l’ESAT (établissement et service d'aide par le travail) de Concarneau. Christophe recrée la sellerie en simili cuir couleur mastic tandis que le personnel de l’ESAT reconditionne le mobilier (habillé de noisetier et peuplier) et la banquette dos à la route. Une amie couturière, Sylvaine Héron, confectionne les rideaux en tissu occultant beige et Rodrigue Espada.

Martin est redevenu un camping-car ! La banquette se transforme en couchage pour deux adultes. Des hamacs prennent place en cabine pour les enfants, et un autre lit sous le toit levable permet d’accueillir un dormeur supplémentaire. La table est escamotable. On dispose d’une armoire et d’une penderie. Finalement, l’aménagement conçu en 1968 n’est pas si loin de ceux que l’on peut trouver aujourd’hui dans des véhicules de même gabarit. Mais les amis et proches qui voyagent en notre compagnie sont tous unanimes : « Avec Martin, on change d’époque. » Nostalgie quand tu nous tiens !

Se replonger en 1968 dans un Combi VW violet et beige confine au bonheur absolu. Celui d’une époque où presque tout était permis.

Cette restauration nous a surtout permis de réaliser un vieux rêve : devenir propriétaire et utiliser un véhicule de loisirs mythique.

Ailettes & Carbus, des mordus d’anciennes au grand cœur

Pour Aurore Brodelle et Aurélien Bourgeot, tous deux trentenaires, les vieilles bagnoles font partie du patrimoine. Elle est devenue mécanicienne après avoir suivi une fac d’histoire de l’art, lui carrossier après avoir été régisseur dans le spectacle. Leurs chemins se sont croisés sur un forum Internet dédié aux Combis VW. « Des vieux tromblons » qui ont allumé la première fois leurs phares à une époque où l’on ne connaissait pas encore l’eau pour refroidir les moteurs.

Avec leur ami Stéphane Clerici, concepteur Internet et créateur de T3zone, un site pour passionnés de Volkswagen Transporters 3, ils ont créé en 2011 « Ailettes & Carbus », un atelier de restauration.

Ils restaurent tous les véhicules refroidis par air d’avant 1970 (aircooled) : Coccinelle, 2 CV, Panhard, Fiat, Porsche... Ils organisent aussi « les Filles de l’air », des promenades entre passionnés. Le couple a aussi créé « Les routes buissonnières » et loue des T2.

Adresse : Ailettes & Carbus, Cleun Nizon, 29930 Pont-Aven. Tél. : 02 56 46 36 69.

Retrouvez Pierre Fontanier, auteur des photos et propriétaire de Martin sur Facebook.

 

Lire aussi :

Vos commentaires