Les Cornouailles en camping-car, étape 1/2

Voici l’un des plus beaux comtés du Royaume-Uni. Le plus ensoleillé également, sans doute. Sauvage, avec de longues plages et des petits ports enchanteurs, les Cornouailles constituent un dépaysement total et facile. Pour s'y rendre en camping-car, il suffit de prendre le ferry et d’emprunter les petites routes tortueuses… jusqu’au bout de la terre !

Nous sommes à la pointe sud-ouest des côtes anglaises, dans un comté sauvage, au littoral déchiqueté par les fureurs de l’océan. Grâce au Gulf Stream, la région bénéficie d’un climat doux, loin des clichés que l’on prête à l’Angleterre. On y accède aisément par les liaisons maritimes qui rejoignent Plymouth. Ce port est une bonne entrée en matière pour découvrir Cornouailles et Devon. Nous sommes dans une terre celte et nombre de cités sont jumelées avec des communes bretonnes, telles Plymouth avec Brest, Truro avec Morlaix… Née en 1972-73, pour une version moderne des traversées des Johnnies – ces maraîchers bretons qui venaient à vélo vendre leurs oignons outre-Manche –, la compagnie maritime Brittany Ferries assure la liaison régulière Roscoff-Plymouth. On embarque son véhicule sur l’un des navires et on se laisse bercer jusqu’au port britannique (n’oubliez pas votre passeport, Brexit oblige). Puis on rejoindra le cœur historique. A pied, il ne faut pas plus de 10 minutes. En camping-­car, encore moins. Rappelez-vous que sur le territoire de sa majesté le roi Charles III, on roule à gauche.

Dominant l’estuaire des fleuves Tamar et Plym, le port a vu partir nombre d’expéditions, dont celle de Francis Drake, premier Britannique à boucler un tour du monde (1580). C’est aussi de Plymouth, au XVIIIe siècle , que James Cook se lança à la conquête des terres australes, que les premiers migrants partirent à destination du Nouveau Monde… Juste devant l’Office de Tourisme, près du Commercial Wharf, le Mayflower Steps marque l’endroit où les Pilgrim fathers auraient quitté l’Angleterre à bord du Mayflower. Petit bémol, la ville, qui a été bombardée lors de la seconde guerre mondiale, n’échappe pas aux affres des cités rebâties avec plus de rationalité que de charme. Il reste cependant des témoignages du passé avec des demeures coloniales (XVIe-XIXe siècle) et des bâtisses médiévales de style élisabéthain. Au-dessus du front de mer, la tour de Smeaton, ancien phare reconstruit, se visite. Après avoir gravi les 93 marches, un panorama présente l’une des plus belles vues sur la baie qui s’ouvre au sud, le Plymouth Sound et l’île de Drake, une ancienne prison. Pour profiter de l’ambiance de Plymouth, rendez-vous au Barbican, un quartier où étudiants et touristes se retrouvent en soirée. Une recommandation : il est inutile d’essayer de stationner en centre-ville pour une longue durée autour de la citadelle.

 

De spectaculaires brèches

A Tintagel (côte nord-ouest), les ruines du château du XIIe siècle , sur le sentier du roi Arthur, se rapportent à la fameuse légende. La randonnée depuis le port de pêche de Boscastle (où l’on peut visiter le musée de la Sorcellerie et de la Magie) est un incontournable, qui nous fait prendre conscience de l’aspect sauvage du littoral. Même s’il se présente sous des airs de cartes postales, il était jusqu’au XIXe siècle aux mains de contrebandiers.

Pleine de charme, Padstow, paradis des fruits de mer, est considérée comme la capitale culinaire du comté. Le fish & chips du chef Rick Stein (à la tête de plusieurs établissements) ne laissera personne sur sa faim. Le petit port dévoile tous ses charmes à la belle saison. Difficile de résister, même si ce n’est que pour déguster un scone chaud ou une glace. De belles randonnées sont à faire alentour comme celle qui suit le trait de côte vers le nord et permet de faire une boucle de deux heures, ou la véloroute pour se rendre à vélo jusqu’à Bodmin (possibilités de location à Padstow). On apprécie plus qu’ailleurs ces voies dédiées dans ce comté aux routes étroites et son bocage préservé, car « la cohabitation vélos voitures sur les routes, même si elle bénéficie de la courtoisie britannique, fait passer quelques sueurs froides aux inconditionnels des deux-roues… », comme nous confirme Marie-Renée, une Bretonne venue passer une semaine.

Dominant à l’ouest la mer Celtique, au Land’s End, les Cornouailles sont le paradis des surfeurs en Angleterre et du tourisme balnéaire en général. Petites ou grandes plages de sable blanc, ports typiques de la Cornish Riviera, tel St Agnes, ou curiosités sont des points d’accroche dans un espace pas plus grand que le département du Vaucluse.

Le sentier côtier du sud-ouest est l’une des meilleures façons de découvrir la région. Ses 1 000 km au-dessus des criques en font le plus long tracé du pays. L’occasion, par exemple, de découvrir les mines d’étain désaffectées, témoins d’une activité qui a nourri l’économie locale.

Sur la côte nord, on fera halte à Newquay, autre spot de surf (plage de Fistral, notamment). Entre falaises escarpées et baies sableuses étriquées qui invitent à la baignade, l’impressionnant décor de cette cité en fait l’une des premières stations balnéaires de la côte Atlantique du comté. Au sud de la ville, on visitera les jardins subtropicaux de Trenance. Quant aux manoirs privés (manors) que l’on pourra découvrir, ce sont d’autres témoignages de l’époque élisabéthaine.

Tour de la langue côtière

Réputée pour être un havre de paix pour les artistes, St Ives vaut le détour et s’avère être le meilleur endroit où séjourner plus d’une nuit. On se rendra à la Tate St Ives (branche de la Tate Modern), une galerie d’art emblématique qui surplombe l’océan Atlantique. C’est un incontournable avec des œuvres d’artistes britanniques en lien avec le comté, tel le musée Barbara Hepworth. Si votre périple se déroule au mois de mai, tentez une escale à Porthminster Beach, où des chefs se donnent rendez-vous au port pour participer à un festival gastronomique.

De St Ives, il est approprié de longer la péninsule jusqu’à Penzance, par le sud. On ne manquera pas de faire une halte dans le plus grand bassin minier de Cornouailles, au niveau de Zennor, à 9 km à l’ouest de la ville (nombreux parkings). On peut s’y rendre à pied ou à vélo – en prenant garde à ces routes étroites et offrant peu de visibilité.

L’exploitation des mines d’étain et de cuivre était une activité majeure au XIXe siècle, qui a périclité par la suite avant de s’arrêter en 1990. Celles de kaolin sont encore exploitées car elles permettent de produire le carbonate de lithium, composant des batteries modernes. On s’arrêtera enfin au cap de Cornwall, entre Zennor et Land’s End (parking en contrebas, mais sans commerces alentour).

Les guides touristiques proposent une halte à Land’s End, un bout du monde un peu trop commercial à notre goût. Tout est payant et assez cher : le parking, les curiosités, et même le point de vue si on veut ramener la photo souvenir avec un panneau portant son nom… Sans parler des restaurants façon parc d’attractions !

Autre singularité, le théâtre de Minack, un impressionnant amphithéâtre construit au sommet d’une falaise, à l’instar des théâtres grecs, est l’œuvre d’une passionnée, Rowena Cade, qui a voulu valoriser la baie de Porthcurno. Un cadre magique, une très belle plage en contrebas…

Dans Mounts’ Bay, Penzance est une belle station, protégée des vents du nord grâce à la présence de collines. Le port, où l’on embarque pour les îles Scilly, est la partie la plus animée de cette cité membre de ce qu’on appelle la “Riviera des Cornouailles”. La principale curiosité est la Jubilee Pool, la plus vaste piscine d’eau de mer de plein air de Grande-Bretagne. Elle date de 1935 et se distingue par son style Art déco épuré et l’utilisation de la géothermique pour qu’elle puisse être utilisée toute l’année.

A 5 km à l’est de Penzance, Mazarion et St Mikael Mount, l’alter ego de notre mont Saint-Michel. Cet îlot granitique de 72 m présente bien des similitudes avec la “merveille de l’Occident”. A marée basse, on peut y accéder à pied. Des moines bénédictins du Mont-Saint-Michel sont venus y construire un monastère au XIVe siècle. Le phare fut érigé afin de guetter l’arrivée de “l’Invincible Armada” espagnole à la fin du XVIe siècle. Si on accède au mont, on pourra déambuler dans les jardins victoriens, à la végétation exotique et dense, due au microclimat régnant sur l’île. Des visites du village et du port sont organisées tous les jours à partir de mi-février (sauf le samedi). A Mazarion, un vaste parking accueille les camping-cars.

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