Camping-car Rétro : Westfalia Marco Polo 1984

Le Marco Polo sillonne la planète depuis plus de 40 ans. Pas l’explorateur, bien sûr, mais le campervan qui partage son patronyme et qui a débuté sa carrière sous la bannière Westfalia… avec un gabarit conséquent. Car ce n’est pas un van, mais un attachant fourgon que nous redécouvrons grâce à Jade, la propriétaire de cet exemplaire.

En 1984, il y a encore deux Allemagne. Si cette année-là, officiellement à l’Est rien de nouveau, on retiendra deux pépites venues de RFA : les “99 ballons de baudruche” de Nena, tirés de l’album éponyme, et le Westfalia Marco Polo. Plus de quarante ans plus tard, les deux restent des standards dans leur domaine respectif. C’est, bien sûr, le second qui nous intéresse ici avec ce représentant déniché en Bretagne auprès de Jade, sa propriétaire d’une bonne décennie et demie sa cadette. La jeune femme s’en est portée acquéreuse, il y a un peu plus d’un an, un peu par hasard : “Cela faisait longtemps que je cherchais un fourgon ancien. Je l’ai trouvé par petite annonce et j’ai eu un coup de cœur. Et comme on partait en road-trip en Europe entre potes, il fallait pas mal de place.” Ça tombe bien, ce Westfalia n’en propose pas moins de six sur sa carte grise.

 

© Denis Meunier

 

James Cook, version compacte

Pourtant, le Marco Polo pourrait se résumer à une version raccourcie (et beige Bahamas…) du James Cook. Apparu sept ans plus tôt, c’était le premier modèle signé Westfalia à délaisser le Volkswagen Combi. Comme cet autre aventurier mécanique, le Marco Polo repose sur le Mercedes TN/T1, affectueusement surnommé “Bremer Transporter” parce qu’assemblé dans la ville de Brême (même si, en 1984, ­commence le transfert de sa production à Düsseldorf). Il est reconnaissable à son court capot, lui donnant des airs de bouledogue, et son immense pare-brise quasi vertical. Alors que le James Cook repose sur le châssis intermédiaire long de 5,26 m, celui-ci dépasse à peine les 4,75 m, le faisant entrer dans la catégorie des campers ­compacts. Surtout que la largeur n’atteint pas les 2 mètres. Cependant, les deux tutoient les 3 mètres sous la toise avec leur rehausse esthétiquement similaire, mais différente puisque, outre la longueur du véhicule, le premier propose une petite galerie à l’arrière… dont est privé le Marco Polo. Cette excroissance de poly­ester offre une hauteur intérieure de 2,20 m et accueille un couchage de pavillon, repliable en trois parties, aux belles dimensions : 140 x 200 cm.

 

© Denis Meunier

 

Pénétrer à l’intérieur du Marco Polo ne laisse guère de doutes : nous sommes bien à bord d’un Westfalia de l’époque. Sellerie, mobilier et décoration ne sauraient mentir et si, aujourd’hui, l’ensemble exhale le charme discret d’une certaine désuétude, il convient de rappeler que dans les années 1980, cet intérieur représentait ce qui se faisait de mieux. Le plan reprend, dans les très grandes lignes, la disposition de celui du James Cook : dînette derrière les sièges de cabine et partie arrière dévolue aux cuisine, salle d’eau et rangements. Mais les différences sont notables. Ainsi, le salon est constitué de deux banquettes face-face (au lieu du sofa longitudinal plus pouf et siège). Celle de l‘avant coulisse et, une fois dépliées, les deux forment un couchage s’étalant sur 125 x 195 cm. Un lit d’appoint, à réserver à des enfants, de 100 x 160 cm était disponible en accessoire. La cuisine, avec sa gazinière à deux feux surmontant le réfrigérateur à absorption de 41 litres, prend place transversalement contre la paroi arrière (longitudinale et à droite dans le James Cook) et accueille le bac à douche intégré dans le plancher. En effet, la salle d’eau du Marco Polo tient plus du vaste placard, avec lavabo et miroir, fermé par une porte. À propos d’ouvrants, ceux de l’arrière sont purement et simplement condamnés, remplacés par un panneau de polyester inamovible équipé d’une baie au-dessus du plan de travail. L’autonomie est assurée par des réservoirs, eau propre et eaux usées de 70 litres. Pour la petite histoire, à l’occasion du millésime 1986, le James Cook s’inspire quelque peu de son cadet en reprenant une disposition arrière, cuisine et placards, assez similaire.

 

© Denis Meunier

 

Un modèle toujours d'actualité

Quarante ans après son apparition, le Marco Polo est toujours au catalogue et vient de se renouveler. La première itération, qui perdurera jusqu’en 1996, sera la seule à prendre les traits d’un fourgon, les suivantes adopteront la forme de vans à toit relevable et déserteront le catalogue Wesfalia pour les concessions Mercedes. Pour en revenir à celui de Jade, c’est une rare version 210 essence, animée par un moteur 2.3 d’une petite centaine de chevaux (converti au GPL), qui plus est en boîte automatique. Une combinaison assez rare qui permet de profiter sereinement de l'engin, les 99 Luftballons inondant l'habitacle par les haut-parleurs alimentés par l’autoradio-cassette, auto-reverse bien sûr.