Picasso voyait en Malaga sa ville idéale. La citation du maître du cubisme : « Regarde, là-bas, au Sud, c’est Malaga. » évoque la cité qui lui a permis de grandir et d’évoluer en tant qu’artiste. Alors, après une visite au musée Picasso, une dégustation de quelques tapas à l’authentique El Carpintero et une balade dans le centre historique, nous voilà prêts à l’assaut de l’arrière-pays.
En entamant notre parcours, nous découvrons l’étroitesse des routes locales. Il faut redoubler de prudence pour atteindre le Caminito del Rey, à une heure de Malaga. Cette randonnée suit les méandres des gorges d’El Chorro sur une passerelle aménagée culminant parfois à plus de 100 mètres de haut. Édifiée entre 1901 et 1905 lors de la construction d’un barrage hydroélectrique, ses trois kilomètres de long testent votre rapport au vide…
Pour nous remettre de nos émotions, direction la commune de Ronda. Durant cette petite heure de route, l’Andalousie déballe ce qu’elle a de plus beau : des montagnes, des champs d’olivier, des collines dodues, des petits villages isolés… On stationne sur l’aire autocaravanas à l’entrée de la ville. A partir de là, l’accès au centre se fait aisément à pied ou en transports en commun.
Fortifiée durant l’Antiquité, Ronda est bâtie sur un promontoire. Son monument principal, le pont-neuf, enjambe les gorges du Guadalevin. Il offre une vue privilégiée sur la province environnante. Les amateurs d’histoire pourront examiner le minaret de San Sebastián, un vestige de la domination musulmane dans la région qui dura jusqu’en 1492.
Les villages teintés au blanc de chaux
Rendez-vous dans un des nombreux villages blancs. Ceux-ci essaiment dans toute l’Andalousie. La teinte immaculée des bâtiments vient du blanc de chaux qui permettait aux habitants de se défendre contre les maladies. Le blanc, du fait de son pouvoir de réflexion, protège aussi de la chaleur, souvent très élevée en été.
Au fil des ans, le blanc de chaux andalou est devenu culturel. Il est d’ailleurs inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. On le découvre à Setenil de las Bodegas (ndlr, photo d'ouverture de l'article) où les maisons troglodytiques sont nichées dans une falaise en surplomb. La vie s’est construite dans le lit asséché d’une rivière. À nouveau, dans une recherche de fraîcheur, une rue est traversée par la roche.
Notre circuit nous entraîne ensuite vers Zahara de la Sierra. Avant d’y arriver, il est possible de bivouaquer le long des berges du réservoir Zahara – El Gastor. « Il a été construit en 1991. À l’époque, il y avait de l’eau jusqu’aux villages en amont. Mais depuis quatre ans, l’eau manque cruellement. À ce rythme, il sera vide dans quelques années », remarque tristement Jésus, un riverain. Pour observer ce manque, il faut prendre de l’altitude. Sur les hauteurs de Zahara de la Sierra siège un château construit au XVe siècle, lorsque les Espagnoles ont vaincu les Musulmans. Comptez 3,50 € pour accéder au sommet d’où la vue est splendide. Mais attention, la marche est exigeante. Avant de quitter le village, restaurez-vous à El Lago, petit hôtel-restaurant en contrebas du bourg, à la cuisine raffinée.
Un village de bergers romantique
En chemin vers Grazalema, on emprunte la route montagneuse passant par le Puerto de las Palomas, offrant un joli panorama sur la vallée. En étant attentif aux alentours, on peut apercevoir des vautours fauves et des aigles. On croise aussi l’abies pinsapo, un pin d’Andalousie aux aiguilles courtes, originaire d’Espagne et de l’Atlas. Mais si les végétaux vous importent peu, franchissez le col qui culmine à 1 300 mètres d’altitude pour redescendre vers Grazalema. De belle étendues vous attendent sur les hauteurs du village. On peut y bivouaquer gratuitement pour une ou plusieurs nuits.
Dans ce bourg de berger aux rues étroites, la présence des barreaux aux fenêtres nous étonne… L’explication nous est donnée avec humour par Nieve, une habitante de Grazalema : « C’est pour que les parents empêchent leurs filles d'avoir des visites de garçons. Mais en Andalousie, il n'y aura jamais assez de barreaux pour empêcher nos filles de tomber enceinte. Nous sommes beaucoup trop romantiques pour ça. »
Bâti par les musulmans d’Al Andalus au Moyen Âge, le village est entouré par les montagnes à plus de 800 mètres d’altitude. Pour profiter de l’ambiance qui règne ici, buvez un verre plaza de España et laissez-vous tenter par une paëlla à l’encre de seiche, un des symboles de la cuisine espagnole, au restaurant Torreon.
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Du cuir andalou
Vers le sud, les reliefs se lissent et la végétation se peuple d’eucalyptus, de chênes verts et de platanes. Arrivés à Ubrique, le séjour change de dimension. Après les cités de petite taille, voici une ville dont l’activité principale tourne autour du cuir. L'endroit est idéal pour acheter un porte-monnaie ou une ceinture, fabriqués localement. Après les emplettes, la balade nous mène sur les hauteurs, dans le casco antiguo et ses ruelles piétonnes étroites. Pour stationner, on vous suggère l’entrée de la ville. Le quartier est certes moins étincelant que celui du centre mais vous trouverez des places pour vous garer.
Arcos de la Frontera est l’un des villages où les origines musulmanes sont les plus cinglantes, en particulier à travers l’architecture. Cette ville de la province de Cadix est construite sur un éperon rocheux qui domine la plaine. Outre les bâtisses blanches, on y voit à l’horizon un château et une église. Arcos de la Frontera est considéré par les guides comme l’un des plus beaux villages d’Espagne, avec ses miradors et sa vie authentique. Pour goûter la spécialité locale, l’abajao, un plat à base d’asperges, de pain et d’œufs, rendez-vous à la taberna Jóvenes Flamencos. Peut-être l’arroserez-vous d’un vin de la tierra de Cadix. Pour stationner, des parkings gratuits sont accessibles en contrebas de la cité.
Toujours plus au Sud
Afin de donner une touche plus méditerranéenne à notre itinéraire, nous prenons la route jusqu’à Tarifa. La ville fortifiée est réputée pour la pratique du kitesurf. La plage y est vaste et agréable, mais les constructions qui la bordent semblent désordonnées. L’un des points d’intérêt réside dans un bunker franquiste bâti sous le château de Santa Catalina. Les architectures, stylistiquement différentes de ces deux édifices, sont fascinantes. Cette ville, à la pointe la plus au Sud de la péninsule ibérique, d’où l’on peut apercevoir les côtes marocaines, regorge de stationnements pour les camping-cars. Les amateurs de sports nautiques, souvent voyageurs itinérants, en profitent pour s’y installer durant les périodes de grands vents. Côté gastronomie, l’une des spécialités locales est le thon rouge. Il s’en vend dans les restaurants, bien sûr, mais aussi dans certaines conserveries de la ville.
Nous remontons le littoral frangé d’eaux limpides jusqu’à Casares. Ce village blanc, tourné vers la côte, termine notre itinéraire entre mer et montagne. Les délicieuses soupes locales et les multiples points de vue des lieux sauront vous séduire.
Découvrir la région est un vrai plaisir, surtout hors saison. Le climat y est plus agréable et les sites touristiques moins fréquentés. Si vous êtes malchanceux, vous croiserez peut-être quelques gouttes de pluie. Mais comme le disent les Espagnols : « al mal tiempo, buena cara » traduit en français par « au mauvais temps, bonne tête ».
Consultez l'itinéraire avec la carte interactive ci-dessous :
À voir et à faire
- Essayez un hammam à Malaga. Une expérience typique de l’époque où la péninsule était musulmane.
- À Setenil, visitez l’église Notre-Dame de la Encarnación. Construite sur une ancienne mosquée, elle est de style gothique tardif. L’entrée est gratuite.
- L’Espagne est le premier producteur mondial d’huile d’olive. Profitez-en pour essayer l’oléotourisme. Plusieurs exploitations au nord de Malaga, vers Casabermeja, vous initieront à la culture de l’olive et à la dégustation de l’huile.
- À Tarifa, les plus sportifs pourront se mettre au kitesurf. La ville regorge de centres proposant des baptêmes et des cours. Plusieurs sont même francophones.
- Pour acheter de bons produits locaux à Ronda, rendez-vous à la Jamoneria Berrocal. Vous y trouverez des fromages de brebis locaux, des jambons ibériques, des chorizos, des vins de la région de Cadix…
- El Torcal de Antequera est un parc naturel au nord de Malaga. Il offre des paysages karstiques spectaculaires propices à la randonnée.
- À Gibraltar, promenez-vous sur le rocher et sympathisez avec les singes. N’oubliez pas votre passeport !
- À Arcos de la Frontera, participez à un concert de flamenco. Plusieurs salles de la ville proposent des récitals de guitares andalouses.
- Si vous préférez vous rendre dans la région en avion et louer un camping-car sur place, plusieurs loueurs, dont le français Vanbreak, dispose d’une flotte de véhicules à l’aéroport de Malaga.
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