Camping-Car Magazine enquête : Tout savoir sur le stationnement en camping-car

Restrictions, réglementations tatillonnes, conflits d’usage, augmentation du nombre de camping-cars… Stationner peut se transformer en un chemin de croix, alors que le nombre d’aires augmente et que certaines structures s’améliorent. Nous avons de nouveau mené l’enquête auprès des principaux acteurs du marché spécialisés dans le voyage en camping-car, pour brosser un panorama de la situation actuelle. Comme vous pourrez le constater, il y a de bonnes raisons d’espérer que la situation se perfectionne encore, même si différents sites continuent à rester en tension.

 

  • © Messe Düsseldorf / tillmann
  • © Getty Images/iStockphoto
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Malgré les 5 730 aires d’accueil réparties en France qui acceptent les camping-­cars, tous les acteurs de ce domaine reconnaissent que des difficultés de stationnement persistent, générées sans doute par l’engouement croissant pour les véhicules de loisirs, comme en témoigne le nombre des immatriculations qui a fortement augmenté ces dernières années. Une donnée à laquelle il faut ajouter le retour bien marqué des camping-­caristes étrangers qui séjournent en France ou y transitent pendant plusieurs jours.

Si la majorité des régions joue le jeu, il subsiste toujours de désagréables tracasseries administratives, avec quelques localités qui restreignent le droit de stationner, voire de circuler, avec la pose de portiques et de barres de hauteur. Il y a quand même de bonnes nouvelles, lors de grands événements festifs, sportifs, ou culturels, par exemple. On peut citer ­l’Ardéchoise, l’épreuve cyclotouristes qui, rassemblant 12 350 cyclistes au mois de juin, propose un parking spécial longue durée pour les camping-­cars, ou encore la semaine fédérale de cyclotourisme (10 000 participants) qui crée chaque été – de toutes pièces – d’immenses aires d’accueil de camping-­cars, avec des services. A Epinal, en 2018, c’était un aérodrome, un champ de 35 ha pour Cognac en 2019, pour Roanne, en 2024, il est prévu au moins 1 700 emplacements.

Sans oublier bien sûr le Tour de France, où de plus en plus de communes se décarcassent, notamment en montagne, pour offrir plus de places pour les camping-­cars. Car elles ont compris l’intérêt économique que représente leur présence. Comme nous vous le détaillons dans nos agendas, beaucoup de manifestations facilitent et soignent l’accueil des véhicules de loisirs.

Au cours de notre enquête annuelle sur l’accueil et le stationnement des camping-­cars, nous avons approché les grands acteurs qui touchent directement ou indirectement à cette problématique.

 

Bruno Garancher est le président de la Fédération des campeurs, caravaniers et camping-­caristes (FFCC). La FFCC, reconnue d’utilité publique, est une fervente défenseuse des droits et devoirs de camping-­caristes, lesquels constituent la grande majorité des adhérents. Lui-même camping-­cariste depuis plusieurs années, Bruno Garancher nous explique le rôle de son organisation et son ressenti en matière d’accueil et de stationnement.

Quel est votre sentiment au sujet du stationnement ?

Le problème est toujours constant avec quelques 600 000 véhicules qui se déplacent. Il y a des aires qui ouvrent régulièrement. Certaines ne sont pas forcément utilisées parce ce que pas toujours bien situées par rapport aux souhaits des camping-­caristes. Puis il faut bien avouer qu’il y a aussi un travail d’apprentissage et d’éducation vis-à-vis des jeunes conducteurs ou plutôt des nouveaux camping-­caristes. Si on cherche tous à aller le long de la plage ou dans des zones hyper touristiques, c’est compliqué de mettre à disposition un stationnement pour tout le monde. Il faut de temps en temps être capable de se retirer un petit peu dans les terres, aller trouver des stationnements à 40 ou 50 km du cordon littoral. Ce ne sont pas forcément des aires, mais des parkings de stades ou de salles de fêtes sur lesquels on peut stationner sans difficulté. C’est évident qu’il faut encore développer des aires, en suivant l’évolution du parc. J’ai été surpris, cette année, de voir ­comment les campings sont de nouveau fréquentés par les camping-­caristes. Mais il est vrai que le van et le recours à des véhicules plus petits favorise le retour dans les campings. Incitons la communauté camping-­cariste à choisir différents modes d’hébergement pour éviter les engorgements.

A propos des communes : y a-t-il encore des freins ? mettent-elles des bâtons dans les roues ?

Globalement, il y a – et on l’a vu au dernier Salon des Maires – une vraie prise de conscience du fait du changement des modes d’hébergement, qu’il faut laisser une place aux camping-­cars pour leur permettre de stationner. Je prends l’exemple d’une commune qui possède une jolie abbaye et un petit musée. Elle s’est posé la question sur l’accueil des camping-­cars. Elle a transformé son terrain de camping municipal qu’elle n’exploitait plus en aire d’accueil, gratuite d’ailleurs. Mais il ne faut pas que tout soit gratuit. Quelque 20 km plus loin, une commune plus importante a également transformé son camping municipal, mais elle a fait appel à un prestataire pour une aire payante. Ce qui me gêne, c’est que lorsqu’il y a un prestataire, on ne peut plus stationner ailleurs dans la commune. Il y a des arrêtés que je considère comme abusifs, et je ne suis pas le seul.

Quelles sont les démarches à suivre pour améliorer la situation ?

Quand une commune prend des arrêtés restrictifs, on a une structure ad-hoc qui s’appelle le Comité de liaison du camping-­car (CLC), présidée par la Fédération. On entame une série de démarches. C’est toujours très long. Ce qui impatiente certains de nos adhérents. Ça commence par une procédure amiable, imposée par le droit français. Si on n’arrive pas à travailler avec un minimum de concertation avec la commune et lui faire comprendre qu’il faut qu’elle change les choses, il y a le tribunal administratif puis la cour d’appel administrative. On est parti pour trois à cinq ans de procédures. C’est très très long. Le problème est le même pour les barrières de hauteur, les interdictions de stationnement spécifiques.Après je reviens sur le pendant savoir-vivre. Je peux parfaitement comprendre que quelqu’un qui a fait construire une maison sur la route du littoral avec une baie vitrée qui donne sur la mer, n’ait pas envie de voir un camping-­car stationner devant chez lui. Et qu’il fasse pression auprès du maire de sa commune pour que cela cesse. Peut-être que nous, les fédérations ou clubs qui essaient de rassembler les camping-­caristes, on a également un rôle à jouer. Une rue adjacente, c’est peut-être aussi bien.

Quelques expériences ont déjà été tentées, menées ?

Je pense à Barneville-Carteret, dans le département de la Manche, où en concertation avec un club et la municipalité, il a été créé en retrait, à 200 ou 300 m de la mer, un lieu de stationnement. Pas pour la nuit, mais pour les visiteurs, et il est gratuit. Vous avez d’ailleurs des panneaux à l’entrée qui souhaitent la bienvenue aux camping-­caristes et l’affectation d’un espace spécifique. Les commerçants sont heureux. Il y a une vraie communication et un discours positif. Vous êtes camping-­cariste ? Soyez futé et malin en choisissant vos hébergements. Vous voulez vraiment être à proximité de la plage ? Il y a de fortes chances que l’aire soit complète. Il faut vous rabattre sur un autre type de stationnement. Les campings sont aussi faits pour ça et parfois avec des tarifs de nuitée assez proches de ceux des aires. Si vous ne voulez pas vraiment être tout près de la plage, retirez-vous dans les terres. Et puis, prenez votre vélo – classique ou à assistance électrique – pour rayonner et visiter. Sans oublier le réseau France Passion, une autre façon qui double ou triple les capacités de stationnement. On ne peut pas se passer d’eux.

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