Madrid, une capitale prestigieuse

Ce n’est qu’en 1556 que Madrid est devenue capitale du royaume d’Espagne. Ici, pas de vestiges romains, ni d’édifices médiévaux, mais une architecture moderne et surtout, de prestigieux musées, de vastes parcs très agréables, une vie nocturne trépidante. En complément de la movida madrilène, partons aussi à la découverte de Tolède et d’Aranjuez, plus calmes et non moins passionnantes.

Comme dans toutes les grandes villes, il est désormais quasi impossible de circuler dans Madrid. Qui plus est en camping-car. Pour visiter la capitale espagnole, il faut donc se rendre sur l’un des deux campings environnants. A l’Alpha, il vous en coûtera 28 € la nuitée pour deux (bus et métro pour rejoindre le centre). L’Osuna est, quant à lui, situé à 500 m de la station de métro Canillejas. Vous avez aussi la solution de vous garer sur le grand parking Valdebernardo (métro à 300 m). Celui est certes gratuit, mais il ne dispose pas d’un mètre carré d’ombrage – ce qui, en plein été, est tout bonnement insupportable. Une alternative pour bivouaquer à l’ombre et au calme consiste à se rendre à Aranjuez, petite ville au sud de Madrid et de vous transporter ensuite à la capitale en empruntant le ferrocarril (chemin de fer). Le train vous y mènera au cœur en 50 minutes, moyennant 8,80 € aller-retour. Dans cette charmante petite ville, plusieurs bivouacs sont accessibles : calle de la Reina [GPS : (N) 40°2’12”/(O) 3°36’7”] sous des platanes, à la porte du grand jardin del Principe ou la place ombragée et calme, près de l’avenida del Palacio, à l’arrière du château.

Enfin posés, nous partons visiter le palais Royal en traversant le jardin à la française del Parterre. Avec ses fontaines rafraîchissantes, ce lieu augure une belle visite. Attention, les photos sont interdites à l’intérieur du château, et on ne badine pas avec le règlement dans le palais de sa majesté ! Nous aurions pourtant aimé ramener quelques clichés du grand salon totalement recouvert de porcelaines exotiques fabriquées au XVIIIe siècle à la manufacture royale du Buen Retiro de Madrid. Dans les appartements du roi, la copie d’un salon maure de ­l’Alhambra de Grenade est une pure merveille. De même que les plafonds peints de la salle du trône et son sol de marbre.

En sortant, faites un détour par le jardin de la Isla, véritable havre de paix avec fontaines et bosquets. Pour terminer notre visite, nous louons des vélos à l’Office de Tourisme d’Aranjuez pour rejoindre la Casa del Labrador, un petit palais, ancien relais de chasse, noyé dans la végétation. Hélas, le site est fermé pour cause de restauration.

Madrid, la “reale” !

Qui n’a pas entendu parler de la puerta del Sol, au cœur de Madrid ? Sur cette place mythique, se rassemblent les Indignados – avant les manifestations populaires – et les supporters du Real pour célébrer les victoires du prestigieux club de foot madrilène. Pour nous, c’est notre lieu de départ en direction de la plaza Major. Avec ses 129 m de long et 94 de large, c’est une des plus grandes places ­d’Espagne. Elle est reliée par plusieurs arcs aux rues alentour. Ses clochetons pointus, ses terrasses de café ainsi que son marché aux timbres et aux monnaies du dimanche matin en font le centre névralgique de Madrid.

Après un passage à l’Office de Tourisme et munis d’un plan et des indications données dans un français académique, nous poursuivons notre visite par une halte à la chocolaterie San Ginés. C’est l’une des plus célèbres churreria de la capitale, située dans une ruelle, à deux pas de la puerta del Sol. Depuis 1894, les Madrilènes s’y pressent pour déguster paraît-il le meilleur chocolate con churros de la ville. Tables en marbre, serveurs en tenue et surtout chocolat très crémeux justifient sa popularité.

L’estomac bien rempli, nous empruntons la calle Major et arrivons sur l’énorme cathédrale de La Almuneda qui fait face au palacio real. Résidence des Bourbons depuis 1764, elle se présente comme un imposant quadrilatère de granit et de pierre blanche. Reprenant les standards de la Grèce antique, des colonnes ioniques avec des pilastres doriques couronnés d’une balustrade, ornent l’ensemble du bâtiment. Nous passons ensuite dans le vaste parc de la Montaña et son palais de Debod, un véritable temple égyptien aussi incongru que l’obélisque à Paris.

Mais le cœur architectural de Madrid se situe sur son artère principale Gran Vía où les immeubles rivalisent de hauteur et d’originalité. Le Métropolis, de style français et ses 45 m de haut, est surmonté d’une magnifique coupole en ardoise recouverte de panneaux d’or. A hauteur de la calle de Alcalá, l’immeuble Telephonica fut l’un des premiers gratte-ciel d’Espagne et le bâtiment Carrion rappelle un building new-yorkais… L’architecture fin XIXe-début XXe siècles se déroule sous nos yeux et se conclut place de la Cibeles, à la superbe fontaine face au palais des Communications (aujourd’hui connu sous le nom de palais de Cibèle). Le verdoyant paseo del Prado offre une pose réparatrice avant d’entrer dans le musée éponyme.

La synagogue Santa Maria La Blanca, de styles mudéjar et plateresque
La synagogue Santa Maria La Blanca, de styles mudéjar et plateresque

 

Visiter le Prado, c’est faire des choix

Si vous souhaitez vous plonger dans le “siècle d’Or”, les tableaux de Diego Vélasquez vous attendent. Vous aborderez alors l’époque où l’Espagne dirigeait le monde. Goya, par son célèbre tableau El tres de mayo, évoque l’occupation de la péninsule par les troupes napoléoniennes. Les visages torturés d’El Greco, les rondeurs des Rubens, les œuvres humanistes du néerlandais Jérôme Bosch rappellent que l’empire hispanique s’étendait jusqu’aux confins des Pays-Bas…

Pour digérer tant de merveilles picturales, le parc du Buen Retiro s’avère agréable. Passé 13 heures, le service démarre dans les restaurants. Une portion de calamars frits arrive à point nommé pour reprendre des forces avant de continuer à découvrir les quartiers où la fête bat son plein tout au long de la nuit.

Le Barrio de las Lettras est de ceux-là. Le soir, les bars ne désemplissent pas et les terrasses débordent largement sur la chaussée. L’ambiance festive démarre rarement avant 23 heures par l’apéritif et ses inévitables tapas. Quelques notes de guitare au fond d’un troquet, davantage de décibels un peu plus loin, une boîte de nuit plus “classe” avec vigiles à l’entrée, et partout jeunes et moins jeunes un verre à la main, dans un sympathique brouhaha. Un après-midi de juillet, par une température qui frôle les 45 °C, quelques touristes font des selfies sur la place Santa Anna, face au plus vieux théâtre de Madrid construit en 1735. C’est un beau souvenir de notre séjour madrilène.

Tolède, la ville des trois cultures

Au XIe siècle, alors que Madrid n’était qu’une modeste bourgade, Tolède s’impose comme la capitale du futur état souverain. Musulmans, chrétiens et juifs s’y côtoient pendant plusieurs siècles, générant un important melting-pot culturel et le développement d’un artisanat qui s’étendra sur toute l’Europe. Les célèbres épées et autres armes blanches font la réputation de la ville, le commerce est florissant.

Près du pont d’Alcántara qui enjambe le Tage, un parking très pratique [GPS : (N) 39°51’44”/(O) 4°0’57”] permet de bivouaquer et de profiter de la cité. Nous empruntons le paseo de la Rosa puis l’escalier mécanique (la ville est construite sur un promontoire rocheux) pour rejoindre la place de Zocodover.

Les fortifications maures de la porte de Bisagra Antigua rappellent l’origine de la ville. Puis, par un lacis de ruelles avec leurs maisons à bow-windows, nous arrivons à la cathédrale et son imposant clocher gothique. Un peu plus loin, nouvelle curiosité architecturale avec une tour mudéjar et ses voûtes en fer à cheval. L’édifice témoigne de l’influence de l’art musulman. C’est aussi l’entrée de l’ancien quartier juif. La synagogue Santa María La Blanca est un concentré de styles mudéjar et plateresque avec un beau plafond à caissons.

On plonge un peu plus loin dans le gothique flamboyant au monastère de San Juan de Los Reyes et son cloître à deux étages. On remarque les fers accrochés à la façade, rappel des esclaves rachetés et libérés. Pour une très belle vue sur l’Alcázar, la cathédrale de Santa Maria et le Tage, il faut descendre vers le pont San Martin et sa tour crénelée octogonale.

Une dernière promenade, le soir à la lumière des réverbères, permet d’appréhender la ville différemment. Quand les ruelles se vident, on entendrait presque le pas de guet qui vérifiait, au Moyen Age, la fermeture des portes de la ville.

Pour clore cette escale dans la Communauté de Madrid, nous vous conseillons une petite halte à Chinchón. Situé à 45 km de la capitale, ce village semble hors du temps avec sa place médiévale recouverte de sable, ses balcons en bois, ses galeries dentelées uniques, sa fontaine de marbre et ses demeures armoriées dans lesquelles on devine de frais patios. Tout ici est dans son jus.

Et si vous arrivez en début d’après-midi sur cette place écrasée de soleil, vous vous demanderez si Zorro ne va pas arriver sur son fringant coursier pour réveiller le sergent Garcia endormi dans un coin. A l’ombre des arcades, en dégustant une paella ou en sirotant un manzanilla, vous ne regretterez pas votre détour.

La place médiévale de Chinchón
La place médiévale de Chinchón

 

Tolède est inscrite au Patrimoine mondial de l'Unesco, pour ses richesses architecturales.
Tolède est inscrite au Patrimoine mondial de l'Unesco, pour ses richesses architecturales.
Près du pont d'Alcantara, un parking très pratique et bien situé, permet de visiter Tolède en toute sérénité.
Près du pont d'Alcantara, un parking très pratique et bien situé, permet de visiter Tolède en toute sérénité.

 

 

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