Huelgoat et son chaos, entre mythe et réalité

En plein Finistère, à Huelgoat, des roches géantes apparues au cœur d’une forêt légendaire alimentent les contes populaires et attisent la curiosité des visiteurs. Seul ou accompagné d’un guide, le site se visite toute l’année, à n’importe quel moment de la journée.

 

Au beau milieu d’un après-midi automnal, sous le soleil et la brise bretonne, le bruit de la rivière résonne et les feuilles des arbres se manifestent au gré du vent. A l’entrée de la forêt de Huelgoat, une immense carte – peinte sur carreaux – annonce la couleur. Nous sommes bien sur une terre de légendes. Le sentier débute par la vue sur le moulin du Chaos. “Chaos”, mais que signifie ce terme, souvent employé à titre péjoratif ? Ses racines sont ici purement scientifiques : déchaussement des rochers dû à l’érosion. En bref, ces roches granitiques étaient à l’état de masse fondue baignant sous une chaleur d’enfer. Elles se sont ensuite solidifiées par refroidissement à quelques kilomètres de la surface. Ce phénomène a causé des fissures sur les roches, générant le processus d’érosion. Bien sûr, il a fallu plusieurs millions d’années pour qu’elles apparaissent. Aujourd’hui, ces boules granitiques, en équilibre les unes sur les autres, fascinent le visiteur. D’autant qu’elles ont contribué, en plusieurs siècles, à l’écriture des célèbres contes et légendes bretonnes.

 

Huelgoat, qui signifie littéralement “haute forêt”, a toujours été réputée pour son bois qui englobe les fameux chaos. La forêt est aujourd’hui domaine de l’Etat après avoir appartenu successivement au rang royal puis ducal. L’origine de ce territoire a beau être rationnelle, ce sont bien les légendes qui subjuguent. Pour une parenthèse enchantée, prenez le temps de suivre une balade contée. Accompagné d’un guide ou muni d’une brochure récupérée à l’Office de Tourisme de la ville, vous voilà prêt à entrer dans un univers rocambolesque. Vous connaissez sans doute l’histoire de Gargantua, personnage issu de l’imagination rabelaisienne. Selon la légende locale, il aurait décidé de se venger sur les habitants de Huelgoat qui ne l’auraient pas nourri correctement, en jetant des pierres venant de la côte nord de la Bretagne. Celles-ci se seraient “posées” dans la forêt, empêchant les villageois de cultiver leurs terres.

Direction la Grotte du Diable, à la sortie du lac, sous la rivière d’Argent. Mais pourquoi une telle appellation, qui fait froid dans le dos ? A cette question, deux légendes se croisent, la plus connue est celle d’un révolutionnaire de Berrien (commune voisine de Huelgoat) qui, poursuivit par les partisans du roi, s’arma d’une grande fourche pour se défendre. Les assaillants l’auraient confondu avec le diable, son ombre reflétant derrière le feu lui donnait cette apparence de prince des Enfers. Au cours des siècles, la forêt de Huelgoat a donc développé une longue tradition de mythes et de légendes. Les hommes baignaient dans ces histoires, qu’ils inventaient en fonction de leurs croyances, de leurs rêves, de leurs cauchemars. On ne pourra pas toutes les citer, mais évoquons entre autres, la Mare aux Fées, la légende de Dahut, le Ménage de la Vierge, la Grotte ­d’Arthus, etc.

 

Quittons cet univers onirique. Sur le sentier, vous passerez à proximité de la Roche tremblante. Malgré ses 100 tonnes, même un enfant est capable de la faire “trembler”. Un beau défi pour ceux qui souhaitent s’y confronter. Encore faut-il trouver le bon endroit pour la faire bouger… Une demi-journée suffira pour faire le tour de ce site et mieux comprendre l’arrivée de ces étranges roches… A vous de choisir la version que vous préférez. Alors mythe ou réalité ?

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