Dinan en camping-car : une atmosphère médiévale unique

Cité millénaire pleine de charme, la capitale du Poudouvre compte au nombre des destinations phares d’Armorique. A l’image du château érigé à la fin du Moyen Age par les ducs de Bretagne, la cité des bords de Rance est réputée pour ses rues pavées et ses remparts. Sans oublier ses environs offrant un condensé de Bretagne, aux notes maritimes (Armor) et terrestres (Armen).

 

Presque 3 km de remparts, quatorze tours et portes monumentales, pas moins de 70 monuments historiques répertoriés, un vieux port authentique… N’en jetez plus ! Dinan, la cité de Bertrand du Guesclin, a majestueusement traversé les siècles et se découvre tel un beau livre d’histoire illustré que l’on ne se lasse pas de feuilleter.

La sous-préfecture des Côtes-d’Armor a su, au fil des siècles, valoriser ses atouts en se dotant d’infrastructures militaires, ecclésiastiques (la ville possédait jusqu’à 8 couvents avant la Révolution) et commerciales. Mais Dinan est d’abord un site remarquable, bâti sur un promontoire de 75 m dominant la Rance. C’est ici que le cours d’eau commence à prendre des accents plus maritimes, en s’élargissant au fur et à mesure jusqu’à son embouchure.

 

Un centre-ville historique et piétonnier

Qu’il fait bon arpenter les ruelles pavées de la cité ducale. Après avoir stationné sur l’aire municipale, qui surplombe le port près du viaduc, on enfile ses chaussures de marche, direction la Rance et le vieux pont millénaire pour remonter la rue pavée du Petit-Pont, l’une des plus fréquentées. Restaurants et échoppes en tous genres y sont légion. Passé sur notre gauche la Maison du Gouverneur, on arrive à la majestueuse porte de Jerzual (XIIIe-XVe siècle), d’où l’on peut accéder aux remparts. Cette porte débouche sur la rue du même nom, celle des artisans qui travaillent devant le passant et, à tout seigneur tout honneur, ne manquent de proposer leur production. Ici des bijoux, là du cuir, plus loin des tableaux, des céramiques, du verre…

Dans toute la cité, la toponymie est notre guide (rue de la Chaux, rue des Cordonniers, des Boulangers…), comme avec la remarquable place des Merciers, où le restaurant La mère Pourcel, qui date de la fin du Moyen Age, a subi un grave incendie en 2019. De part et d’autre des rues pavées, les maisons à colombage se succèdent. On flâne, on se laisse happer par les tentations du shopping et/ou celles des crêperies (un temps qui reviendra quand la crise sanitaire sera derrière nous…). On n’oubliera pas de déguster le cidre des généreux vergers de la région, traditionnellement servi dans des bolées en terre cuite. Ni de ramener un paquet de crêpes dentelle (les fameuses Gavottes), une spécialité locale centenaire.

Du haut de ses 43 m, la tour de l’Horloge – édifice municipal – offre une nouvelle occasion de prendre de la hauteur. Elle est le symbole de l’affirmation des bourgeois dans une ville de négoce à l’origine. Elle sera ensuite une tour communale et, en 1500, un beffroi sous l’impulsion d’Anne de Bretagne, se substituant aux églises paroissiales des alentours en sonnant tous les quarts d’heure. Une manière pour la bourgeoise locale de montrer qu’elle possède la maîtrise du temps. A l’extérieur, depuis la rue de l’Horloge, on admire le porche sculpté. Au rez-de-chaussée, on découvre le mécanisme de l’horlogerie de la tour, vieux de cinq siècles.

Les églises Saint-Sauveur et Saint-Malo illustrent le partage de la cité au Moyen Age entre deux seigneurs. La première, que l’on mentionne à partir de 1123, a gardé de remarquables parties romanes d’origine. On y trouve quelques reliques de du Guesclin – le cœur, les autres étant disséminées, notamment à la basilique de Saint-Denis (ossements). La seconde est plus récente (XVe siècle).

Des gisants, des remparts…

Dinan compte seize gisants dont trois à l’église Saint-Sauveur, cinq à Saint-Malo et huit à Saint-Magloire de Léhon, commune adjacente associée. C’est l’une des plus importantes collections de Bretagne. Réalisées du XIIe au XVe siècle, ces sculptures en granit témoignent de l’art funéraire médiéval. Réservée à l’origine aux tombeaux des saints et des rois, la sculpture couchée du défunt (gisant) a ­commencé à se répandre au XIIe siècle. On peut d’ailleurs en avoir un aperçu rue de ­l’Horloge, devant la galerie éponyme.

En France, au nord de la Loire, Dinan détient le record de la longueur des remparts. Incontournable. C’est le meilleur endroit pour avoir un aperçu sur la cité et ses joyaux. Même si certaines parties sont construites, le chemin de ronde est aisément accessible. Tous les deux ans, la ville prend un air divertissant avec la Fête des remparts, l’une des grandes manifestations médiévales d’Europe, l’occasion de découvrir le patrimoine local sous un angle ludique et pédagogique. Malheureusement, la crise sanitaire a repoussé l’édition 2020, puis celle de 2021. Un malheur ne venant jamais seul, les pluies abondantes de l’hiver 2020-2021 ont fragilisé certaines parties des remparts (malgré des opérations régulières d’entretien, deux éboulements ont eu lieu, sans impact toutefois sur les autres parties de la structure).

L’actuel château a été érigé à la fin du XVIe siècle par le duc de Mercœur, en regroupant trois éléments : la tour ducale (1380), œuvre du duc de Bretagne Jean IV (également connu sous le nom de Jean de Montfort), la porte du Guichet (ancienne porte de la ville) et la tour d’artillerie Coëtquen (fin XVe siècle). Avec deux tours rondes jumelées qui lui confèrent sa forme caractéristique, l’édifice culmine à plus de 40 m.

Les bords de la Rance

Au sud de Dinan, Léhon a su conserver son bourg ancien, ses ruelles pavées et son imposante abbaye bénédictine de Saint-Magloire. Le monastère, fondé au milieu du IXe siècle, s’impose rapidement comme un haut lieu spirituel. Il offre aujourd’hui un ensemble complet révélant les espaces à la vie conventuelle (abbatiale, cloître, réfectoire jardin…). On ne peut que conseiller aussi de faire un détour par le château-forteresse de Léhon, construit sur les hauteurs pour défendre l’entrée de la vallée de la Rance.

La Rance, justement, qui vers l’embouchure, se jette dans les turbines de l’usine marémotrice (fonctionnant dans les deux sens), est ici encore très paisible dans les méandres qu’elle dessine. Le fleuve côtier laisse une sculpture à ciel ouvert, participant aux activités humaines, accompagnant les promeneurs, à pied comme sur l’eau, et abritant une faune et une flore préservées. Les chemins de halage offrent autant de voies pédestres et cyclistes, les écluses se succèdent, comme une invitation aux haltes, dominées par de vieilles tours… Cette sérénité qui règne sur la vallée est l’occasion de découvrir nombre de petits villages au charme unique : Taden, Saint-Samson-sur-Rance, La Vicomté-sur-Rance, Pleudihen-sur-Rance, Langrolay-sur-Rance, Plouër-sur-Rance…

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