Landévennec, dans les entrailles d’une abbaye bénédictine

Ici, le silence est d’or et les pierres évoquent, en remontant au Moyen Age, des siècles de vie monastique. Quinze précisément. Entre histoire et cadre naturel, Landévennec, à l’entrée de la presqu’île de Crozon, est une étape coup de cœur pour se ressourcer une journée.

Le cadre, au fond de la rade de Brest et à l’embouchure de l’Aulne, ne tarde pas à emballer le visiteur. Après avoir traversé les rues pavées du Faou et franchi le nouveau pont de Térénez, on emprunte la D60 qui descend jusqu’à la mer. L’arrivée à Landévennec fait penser à un condensé du Finistère : un village traditionnel baigné dans un micro-­climat, des ruelles cernées de camélias et de mimosas aux beaux jours, une note exotique avec de nombreux palmiers, un café-­librairie, une crêperie… Arrivé sur place, la visite du musée de l’Ancienne abbaye se révèle indispensable. « C’est la clé pour compren­dre pourquoi ce site a été choisi et comment il a évolué à travers les vicissitudes de l’histoire », explique Bernard Hulin, son directeur.

Cette histoire, quelle est-elle ? A la fin du Ve siècle, saint Guénolé fonde, avec 11 compagnons, un premier monastère en bord de mer. En 818, Louis le Pieux impose la règle bénédictine.

Les moines transcrivent les évangiles et le récit de la vie de saints. Bien que fortifié, le monastère ne résiste pas à une attaque de Viking (913), lors des invasions normandes, qui provoque l’exil des moines. Quelques décennies après leur retour, ces derniers font ériger le monastère roman. Au terme d’une longue histoire, l’abbaye disparaît dans la tourmente révolutionnaire.

Après le Second Empire, la résurgence intervient sous l’impulsion d’un homme, le comte de Chalus. Puis, en 1958, les bénédictins fondent une nouvelle abbaye sur la colline.

Des maquettes et de remarquables pièces des fouilles archéologiques (1978-2002) sont présentées aux côtés de facsimilés des manuscrits, de statues et d’un sarcophage en bois du IXe siècle.

Face au musée, les ruines de l’ancienne abbaye, sur près de 10 000 m2, dévoilent leurs secrets avec des fouilles apparentes qui nous transportent jusqu’à l’ère carolingienne. Dans ce cadre majestueux, la superposition des fondations illustre l’évolution du site et du mode de vie des moines. On se plaît aussi à flâner dans le jardin potager et médicinal, où ont été réintroduites des centaines de plantes utilisées dans les monastères du haut Moyen Age, après découverte de traces de pêcher, de vigne et d’aneth.

En remontant par la rue de Gorre Ker (derrière l’abbaye), on poursuit la visite, à l’endroit même où bat encore le cœur de ce haut lieu monacal : l’abbaye de Saint-Guénolé, bâtie en 1958, qui abrite 18 moines. Anciens centralien, technicien, poète, paysan… ils consacrent leur vie à Dieu par le recueillement et la prière, ponctuant leurs journées par différents offices (auxquels il est possible d’assister). « En 2018, nous avons célébré les 1200 ans de vie selon la règle de saint Benoît en ce monastère. Cette histoire nous donne des racines et des ailes pour que ce lieu continue d’être un lieu de paix », souligne le père abbé, frère Jean Michel.

L’abbaye est aussi un lieu de vie économique : les moines fabriquent des pâtes de fruits issus des pommes du verger, du caramel au beurre salé…

On achète les produits au magasin, qui est couplé à une librairie. En prenant contact à l’avance, on peut aussi consulter l’un des 28 000 ouvrages et autres archives consacrés à la Bretagne que la bibliothèque conserve.

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