Se rendre en camping-car au château de Joux, le mastodonte jurassien

A La Cluse-et-Mijoux, dans le Doubs, le château de Joux fait la fierté de ses habitants et de toute une région. CCMag est parti à la découverte de ce patrimoine exemplaire, fabuleux témoin de l’architecture militaire et théâtre de nombreuses histoires, gaies ou tristes.

La plus belle vue que l’on puisse avoir sur le château de Joux ? Les habitants de La Cluse-et-Mijoux et les amoureux du coin savent exactement où elle se trouve. Et ils n’ont pas attendu trois minutes pour nous l’indiquer, nous amenant au pied d’un petit sentier, juste à côté de la mairie du village. Au bout, après avoir gravi quelques pourcentages et s’être ébahi devant un petit groupe de chamois, le fort Malher apparaît. Devant lui, la vue mérite le détour, en effet. Posé comme un aimant sur son éperon rocheux, le château, tel un vaisseau de pierre, dessine le paysage en lui donnant une dimension unique et spectaculaire. Cette perspective permet aussi de comprendre le rôle stratégique de son implantation. Avec la plaine à ses pieds, c’est un poste d’observation idéal. Bref, le mastodonte impressionne.

De là-haut, on peut également admirer les détails de son architecture militaire, qui fût remaniée et améliorée pendant plus d’un millénaire : du Moyen Age aux dernières constructions du capitaine Joffre, au XIXe siècle, en passant par l’incontournable Vauban, qui a profondément marqué le lieu de son empreinte. Le maréchal, génial Trouvetout de son époque, y a ainsi déployé toutes ses connaissances pour en faire une véritable place forte. « Il a débarqué au XVIIe siècle et il a donné une nouvelle dynamique au château, qui était alors en piteux état », nous explique notre guide. Au programme, donc, des modifications à foison. Il améliore par exemple les différentes enceintes de l’édifice où il installe notamment plusieurs bastions, l’une de ses spécialités. « Et contrairement au Moyen Age, où les tours avaient une forme arrondie, Vauban conçoit ses bastions d’une façon différente, avec des angles. Le but ? Que les soldats puissent croiser leurs tirs, de façon à n’avoir aucun angle mort », enchaîne notre accompagnateur. Ingénieux.

 

Souvenir de Toussaint Louverture

Le plus proche conseiller de Louis XIV a également installé un pont-levis à flèche du plus bel effet, qui a d’ailleurs été récemment restauré. Il a aussi réaménagé la tour médiévale d’artillerie, qu’on appelle ici la tour du Fer à Cheval. En plus de bien d’autres choses… Un travail titanesque, donc.

Outre son architecture, Joux regorge d’histoires passionnantes. La fameuse légende de Berthe de Joux en est une. Les folies de Mirabeau aussi, lui qui fut incarcéré au château alors transformé en prison. La raison ? Son père voulait simplement le remettre dans le droit chemin, échaudé par le tempérament de play-boy de son fils ; connu pour le nombre de ses conquêtes féminines et ses dettes d’argent. Mais Mirabeau, dont on entendra beaucoup parler à la Révolution (l’homme de lettres participera notamment à la rédaction des droits de l’homme et du citoyen) arrivera à obtenir les faveurs du gouverneur qui l’autorisa à faire ce qu’il voulait durant sa période de détention, comme partir à la chasse, par exemple. Des conditions qui tranchent avec celles, terribles, vécues par Toussaint Louverture, premier général noir de l’armée française, que Napoléon Bonaparte décida d’arrêter après qu’il ait promulgué une constitution autonomiste qui le nommait gouverneur à vie de la colonie de Saint-Domingue. « Il fut donc déporté vers Brest le 12 juillet 1802 avant d’arriver à Joux où il resta pendant sept mois. Au cœur de sa prison, l’émotion est parfois palpable. Personne ne sut jamais rien de sa présence ici. Privé de visite, il avait interdiction de sortir de sa cellule où régnait froid et humidité, surtout en automne et hiver. Il finit par succomber à une infection pulmonaire provoquée par l’ambiance des lieux. » confie notre guide. Voilà pourquoi Joux rend hommage à Toussaint Louverture en lui érigeant une statue.

Vos commentaires