Qui sont vraiment les camping-caristes ?

Le syndicat UNI VDL représentant les industriels français qui construisent les véhicules de loisirs vient de recevoir les résultats d’une étude commandée à l’institut Ipsos. Le document délivre des informations très intéressantes sur le secteur du camping-­car. Ce rapport reflète ce que sont les camping-­caristes. Sans attendre, découvrons à travers ce miroir magique le portrait du camping-­cariste français de l’an 2022.

 

« Miroir, oh ! mon miroir, dis-moi qui est la plus belle en ce royaume ? » Nous avons tous en mémoire cette petite phrase lancée dans le conte de Blanche Neige par la méchante reine à son reflet. Bien entendu, la mégère n’obtient pas la réponse qu’elle attendait. Mais en se contemplant dans ce miroir, elle cherchait aussi à percer sa propre personnalité. Car s’observer dans un miroir est toujours le moment où l’on cherche à dévoiler ce que l’on est. Des miroirs, il en existe de plusieurs sortes. L’un des plus utilisés aujourd’hui, surtout en période électorale, est celui du sondage dont les résultats reflètent à un instant T le visage de la société ou d’une communauté.

Le tout premier constat que l’on peut tirer de l’étude Ipsos/UNI VDL, c’est le glissement vers le bas de l’âge moyen des camping-­caristes. La crise sanitaire provoquée par la pandémie de Covid-19 a généré un phénoménal engouement pour le tourisme en camping-­car.

Alors qu’auparavant ce moyen de voyager était surtout choisi par des seniors retraités, il apparaît que le curseur de l’âge s’est déplacé vers des personnes plus jeunes et toujours en activité. Ce sont généralement des primo-­accédants qui investissent essentiellement dans un fourgon ou un van aménagé, véhicule plus discret qu’un profilé, un intégral ou une capucine, mais qui peut aussi servir au quotidien pour les déplacements domicile-travail, emmener les enfants à l’école ou à leurs activités extra-scolaires…

 

Deux profils d'acheteurs

Cet aspect multi-usage du camping-­car (domestique, travail et vacances) a favorisé les ventes des fourgons et des vans dont les immatriculations ont augmenté de manière exponentielle, permettant même à cette catégorie de s’emparer de la première place du podium des transactions face aux autres familles de véhicules de loisirs. Si bien qu’actuellement, un camping-­car sur deux vendus en France est un fourgon ou un van aménagé.

Au global aujourd’hui, nous montre le rapport Ipsos, la répartition des camping-­cars en circulation est de 77 % en faveur des modèles à cellule et 23 % pour les fourgons et vans (il y a cinq ans à peine, nous étions plus dans une répartition 90-10). Par ailleurs, 40 % des vans et fourgons achetés en neuf constituent un premier achat.

On apprend aussi que la moitié des propriétaires d’un camping-­car traditionnel acheté neuf sont camping-­caristes depuis plus de dix ans, proportion qui tombe à un sur trois pour les acquéreurs de fourgons.

Le rapport Ipsos permet aussi de connaître un peu mieux la catégorie socio-professionnelle des camping-­caristes. Deux tiers d’entre eux sont des retraités. Ce qui signifie que le tiers restant est composé d’actifs, souvent issus de la catégorie de ménage dont le revenu mensuel est supérieur à 2 500 € (CSP+).

 

Quels usages ?

Rares sont les camping-­caristes qui voyagent seuls. L’enquête Ipsos démontre que 97 % des utilisateurs circulent toujours, ou souvent, en couple. On peut dire ce que l’on veut, mais le camping-­car est bien une “affaire de famille” qui se pratique donc rarement en solitaire. Il est dit également que les vanlifers – sous-­entendu les propriétaires de fourgons et de vans – avalent plus de bitume que leurs cousins qui roulent dans un profilé ou un intégral. Ce qui explique sans doute pourquoi les utilisateurs de fourgon visitent plus souvent des pays étrangers, quand ceux vivant à bord de véhicules à cellule préfèrent rester plus volontiers dans l’Hexagone en parcourant moins de kilomètres. Cette tendance devrait se confirmer avec la hausse du prix du carburant. Les fourgons et les vans étant moins gourmands en gasoil qu’un profilé, un intégral ou une capucine.

En moyenne, les “fourgonnistes” réalisent entre 9 300 et 10 300 km par an, quand les possesseurs d’un camping-­car traditionnel parcourent entre 8 300 et 8 630 km.

Les différences entre ces deux profils de famille apparaissent également dans les habitudes de consommation, une fois à l’étape. Camping-­caristes conventionnels comme vanlifers partagent toutefois le même objectif : 96 et 95 % d’entre eux pratiquent le camping-­car pour découvrir des sites touristiques. La grande majorité des camping-­caristes utilisent ce moyen de transport pour rendre visite à leurs proches (79 % pour les cellules, 81 % pour les fourgons). Quelques divergences apparaissent quand on évoque la gastronomie et le sport. Les propriétaires d’un profilé ou d’un intégral sont 75 % à employer leur véhicule pour se faire un bon resto (63 % en fourgons). Mais concernant l’usage du véhicule pour faciliter les pratiques sportives, les proportions s’inversent avec 45 % pour les fourgons et seulement 31 % pour les cellules. Conflit de générations ? Sans doute puisque les usagers du fourgon, plus jeunes, se disent plus actifs qu’épicuriens.

Toutefois, la pratique sportive est au cœur de l’usage du camping-­car puisque la randonnée et le cyclotourisme font partie des activités sportives préférées des camping-­caristes.

 

Le camping-­car renforce l’économie locale

Chez les camping-­caristes, il est un discours récurrent qui avance que « l’on consomme là où on peut stationner ». Certains groupes très actifs sur les réseaux sociaux distribuent même des autocollants reprenant ce slogan, afin de montrer aux élus des communes traversées la volonté de dépenser son argent là où on est bien accueilli. Mais au-delà de la rhétorique, qu’en est-il des actes ?

L’enquête Ipsos nous apporte une réponse en publiant plusieurs chiffres. Il est indiqué que la moyenne des dépenses quotidiennes (hors carburant) des camping-­caristes s’établit à 38,45 € (39,30 € quand le camping-­car est neuf et 37,60 € pour les occasions). Mais surtout, un utilisateur sur cinq affiche un budget journalier supérieur à 50 €. Le tableau ci-contre (en bas) montre la fréquentation par type de commerces. Ce document prouve de toute évidence que les camping-­caristes privilégient les petits commerces, en dépensant leur argent dans les circuits courts. Une attitude louable en tout point de vue : économique, sociologique et écologique.

Cette enquête Ipsos, fort intéressante, nous apprend donc à mieux nous connaître. Elle apporte surtout un éclairage complémentaire sur les qualités intrinsèques du camping-­car dont la principale reste toujours la liberté – hélas ! souvent mise à mal par certaines ­communes hostiles à notre mode de loisir –, et qu’aucun d’entre nous n’est prêt à abandonner. Encore moins en cette période troublée par d’alarmants événements géopolitiques.

 

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