Une pause culturelle en camping-car à la maison Prévert

C’est à Omonville-la-Petite, charmante commune du Cotentin, que Jacques Prévert a passé les dernières années de sa vie. Si l’auteur n’a pas vraiment créé d’emprise sur l’imaginaire collectif, le poète a laissé de belles traces dans ce petit bourg. A commencer par la maison où il vécut et que l’on peut aujourd’hui visiter.

 

Alors que les cloches sonnent 15 h, les randonneurs qui ont arpenté une partie du GR232 terminent leur journée. Au coin de la rue, le cimetière fleuri d’Omonville-la-Petite attire l’œil. En y entrant, on se retrouve devant la tombe de Jacques Prévert ainsi que celles de sa femme, de sa fille et de son ami Alexandre Trauner. C’est de cet endroit que notre parcours commence, sur quelques centaines de mètres, dans un décor champêtre, où les oiseaux chantent. Sur la gauche, on découvre sous les nombreux feuillages une belle demeure en pierre, typiquement normande. C’est la Maison Jacques Prévert. On imaginait plus le poète déambuler dans les rues de Paris, en compagnie de ses camarades surréalistes que dans cet endroit calme… Pourtant, c’est bien là qu’il a choisi de poser définitivement ses bagages, en 1971. Dès les années 1930, Prévert partageait déjà sa vie entre Paris et La Hague où il venait rendre visite au décorateur de cinéma Alexandre Trauner et à l’écrivain Boris Vian, deux de ses meilleurs amis. Le coup de cœur pour la région fut immédiat. Il trouva sa maison quelques années plus tard et c’est Trauner lui-même qui fut chargé de sa décoration. Prévert aménage son atelier au dernier étage. Il y passe des heures à écrire, faire des collages, lire et… fumer cigarette sur cigarette. Cette mauvaise habitude le mènera à sa perte – le poète fut emporté par un cancer des poumons et mourut dans sa maison normande le 11 avril 1977.

Révélé en 1945 par son recueil Paroles, Prévert a vu ses poèmes mis en musique et interprétés par Juliette Gréco, Yves Montant, Mouloudji… Ces grands chanteurs venaient souvent lui rendre visite. La maison de La Hague se transformait alors en un lieu de réunions d’artistes immortalisées par Robert Doisneau. Sur les clichés du célèbre photographe figurent Trauner, Vian et bien d’autres encore.Après son décès, sa femme Janine reste à Omonville-la-Petite, jusqu’à sa disparition en 1993. C’est elle qui a souhaité que la maison devienne un lieu de mémoire ouvert au public.

Une maison devenue musée

Achetée par le département de la Manche en 1994, la Maison Jacques Prévert – devenue musée – fut ouverte au public en 1995. Environ 12 000 visiteurs y sont reçus chaque année. Tous viennent admirer les œuvres originales de ce grand artiste pluridisciplinaire qu’il était.

Dès le début de la visite, on visionne le film Portrait d’un artiste, en introduction. Au rez-de-chaussée, on admire les célèbres éphémérides. A l’étage, dans l’atelier, on découvre une immense cheminée, une grande bibliothèque et une longue table sur laquelle Prévert entassait ses croquis, ses brouillons. Le poète pouvait y séjourner des heures.

 

La collection permanente se trouve à l’étage, dans une deuxième chambre. On y admire les éditions originales de quelques recueils et des photographies qui nous font pénétrer dans l’intimité de l’artiste. Plusieurs dédicaces et des livres d’artistes émaillent cette exposition.

Sitôt sorti de cette maison à l’âme bien présente, il faut s’attarder dans le jardin. De gigantesques Gunnera manicata (ou rhubarbe géante du Brésil), d’étonnantes plantes démesurées, se frayent un passage parmi les camélias, rosiers, cèdre et autres curiosités végétales.

Comme en attestent plusieurs de ses écrits, Prévert était très proche de la nature et appréciait beaucoup les espèces végétales. En terminant la visite, on ne peut s’empêcher d’acheter un recueil de poèmes, tout en ayant l’impression que Prévert l’a écrit pour nous.

 

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