Journal d'un confiné en camping-car #2

Matthieu C., camping-cariste confiné, continue de nous faire partager son journal de confinement. Il nous livre de belles réflexions sur le temps qui passe et la liberté.

  • Matthieu confiné dans la cour de son hôte. © Matthieu

Samedi 28 mars

Quel magnifique samedi ! Le beau ciel bleu et la chaleur agréable permettent d'oublier un peu le confinement. Je ne suis plus dans la nature, car le chauffage fait des siennes et coupe au bout de quelques minutes. Du coup, j'ai réussi à trouver une personne très sympa via le groupe Facebook "héberge un motard". Elle m'a permis de me poser dans sa cour et m'a relié à l'électricité car - chance - j'avais fait installer une climatisation réversible et elle marche à fond le soir. Je suis donc comme un prince, à quelques kilomètres d'un supermarché et d'une aire de services, c'est utile pour les toilettes et les vidanges. Je peux donc tenir des semaines sans prendre froid. Je ne suis plus un vrai aventurier, mais je suis toujours confiné en camping-car.

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Lundi 30 mars

Il fait grand ciel bleu, mais le vent est froid... Ça a eu le mérite de chasser les nuages...Ce midi, je suis allé à l'aire de services à quelques kilomètres à côté. Après avoir fait les vidanges nécessaires, la gendarmerie locale m'a demandé de m'arrêter et m'a demandé pourquoi j'étais là. Ils ont été compréhensifs, ont regardé mon attestation "ancienne formule" et m'ont dit de rajouter l'heure. Et sont repartis. Le confinement en camping-car ne nous fait pas passer pour des touristes ! J'en ai profité pour aller faire les courses au drive du supermarché et me revoilà confiné pour 8 jours avant de ressortir. Tout est une question d'anticipation et d'organisation.

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Mardi 31 mars

Le temps qui passe, ce temps révolu où les journées passaient sans qu'on s'en aperçoive, ces journées où on était débordés, à courir à droite à gauche, ces journées en confinement ont mis le holà au rythme effréné de cette époque qui semble loin déjà. Le temps n'est plus ou plutôt, il nous appartient. Certes le télétravail - et en plus avec des étudiants à horaires fixes - exige d'être ponctuel, mais le stress d'arriver en retard s'est évanoui, on peut rester en pyjama, boire une tasse de café ou de thé pendant qu'on corrige un exercice derrière son ordinateur. Le temps nous appartient un peu plus, on le malaxe à notre guise dans des créneaux imposés, mais tellement plus libres.

En camping-car, c'est encore plus vrai : la lumière du soleil qui perce par un lanterneau laissé ouvert, celui-la même qui vous a permis d'entrevoir la lune la veille. Les papillons qui volent dans l'air printanier et qui viennent frotter leurs ailes sur les vitres en acrylique. Ce parfum de fleurs qui éclosent se répand en entrouvrant la porte de la cellule en annonçant l'heure d'été. En confinement, mais à l'écoute de la nature, à l'écoute de soi-même. Ce temps qu'on croyait incompressible devient notre temps infini, on en est l'orchestre. Moins à rattraper ce qui ne pouvait pas l'être, on se plaît à engloutir avec délice ce temps qui devient notre allié. Les jours ressemblent moins à la monotonie que l'on pourrait imaginer, ils se synchronisent avec ce qu'on a parfois oublié de savourer : les détails du sable de la vie qui s'écoule dans un sablier que l'on peut renverser selon nos envies et humeurs. Le temps libre est à nous.

 

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