Comme je commence à avoir une certaine expérience du confinement, je prépare à l'avance tout ce qui va me permettre de tenir 6 à 8 semaines en... linge, pour n'avoir que des grosses machines à faire à chaque fois. Donc les placards sont plein à craquer de vêtements. Question nourriture, je vais au drive chaque semaine, ce qui me permet de ne pas être en contact prolongé dans les magasins et de limiter la facture (il y a toujours des promotions qui vous tendent les bras). N'ayant que peu de placards restant disponibles et un petit frigidaire trimixte de 140 litres, je préfère aller me ravitailler toutes les semaines et ça fait bouger un peu Marguerite (mon CC).
Question électricité, lors des 3 confinements, je me suis toujours arrangé grâce à une prise électrique, car même si ma consommation est basse, j'ai besoin d'un ordinateur 8 heures par jour et d'une télévision 3 à 4 heures par jour, selon que je regarde les informations ou un film. Donc une connexion 4G voire 4G+ est indispensable pour pouvoir travailler et me divertir. Mon opérateur m'octroyant gratuitement chaque mois des tranches de 100 Go, en plus de mes 60 Go, je n'en suis jamais venu à bout ! En effet, j'ai aussi une box fixe chez eux donc ça aide pour négocier à chaque début de confinement ! Il faut juste que je trouve une orientation sud-est pour la parabole Astra et le tour est joué. Donc une clairière ou dégagé des arbres.
Pour le chauffage, je suis alimenté par deux bouteilles GPL Gaslow et, en moyenne, ne dormant pas avec le chauffage même quand il fait -5 °C dehors, je consomme entre 2 et 3 € par jour. Evidemment, je ne consomme rien pour les belles journées printanières. Quant aux vidanges -à part ce 3e confinement, où j'ai tout à portée de mains au camping Larribal-, je profitais d'aller faire les courses et au retour d'effectuer vidanges et pleins dans une aire dédiée. Les gens vous regardent parfois bizarrement car ils vous croient en vacances... J'ai été contrôlé trois fois et à chaque fois en expliquant aux gendarmes la situation, ils ne disent rien. Ils me demandent juste d'être prudent. A croire que le confinement en camping-car seul est mieux accepté et correspond vraiment à une distanciation physique nécessaire pour éviter le brassage, au-delà de l'image festive et estivale que peut représenter un séjour prolongé en camping-car.
Les gendarmes sont venus voir
Il me revient d'ailleurs une seule vraie anecdote : lors du deuxième jour du premier confinement, je m'étais installé dans un bois, discrètement, à l'écart du village de Bosses dans l'Yonne, et je voyais de temps en temps des randonneurs ou des joggers. Et puis le quatrième jour, les gendarmes sont venus voir ce que je faisais et n'ont rien trouvé à redire à ma situation (je pense que le fait que je décline mon métier peut avoir un côté rassurant). Le jour d'après, le maire rassuré est venu me proposer de me faire avoir de l'eau chaque semaine par un agriculteur. Il avait été averti par les gendarmes, eux-mêmes alertés par les promeneurs que j'avais vus et qui se demandaient qui j'étais. Comme quoi, les comportements peuvent être vite "amicaux".
La plupart du temps, le camping-car se fond dans la circulation et on ne me demande rien. Bien sûr, j'évite tout déplacement inapproprié, et comme ce soir, j'ai entendu aux informations que le 4 mai, nous aurions peut-être de nouveau la possibilité de nous affranchir de la limite des 10 km, ce qui signifierait peut-être quitter cette région temporairement pour récupérer des papiers, du courrier... Quoique... si le soleil est de la partie, rien n'est moins sûr puisque l'année universitaire touche à sa fin (hormis les oraux de dispensés de TD et de rattrapage des deux sessions). Plus rien ne m'oblige à rentrer ! Vous avez vu un camping-car sédentaire ? ;)
Oui, le confinement est une belle aventure, un plaisir malgré les journées pluvieuses ou très froides. Car finalement, c'est vivre en accord avec la météo, avec la nature, au sec et au chaud grâce aux véhicules modernes. Il permet de télé-travailler, de vivre, d'être isolé et donc de respecter la distanciation physique... L'engouement des Français pour l'achat de véhicules de loisirs est compréhensible. Reste que la popularisation ne doit pas nuire aux relations avec le "grand public", les communes qui voient d'un mauvais oeil les nombreux et imposants véhicules se garer. Cela est dû à la multiplicité, à l'encombrement et malheureusement au comportement goujat de quelques-uns qui se croient tout permis en prenant leurs aises voire à boucher la vue et, pire pour une extrême minorité, à déverser leurs eaux grises ou noires un peu n'importe où. Cela est affligeant pour l'image car "un camping-cariste = les camping-caristes".
J'aime ce mode de déplacement et de logement pour la liberté qu'il procure; mais la liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres. On n'est pas en terrain conquis, et pour être accepté, il faut savoir se faire discret. Selon les camping-caristes qui pratiquent depuis 10 ou 20 ans, la mentalité a vraiment changé et pas pour le mieux. Alors faisons tous en sorte que cela soit encore possible pendant les 20 prochaines années !
Par Matthieu Constanzo
