Mouchards dans nos véhicules : souriez, vous allez être fliqués

Nous nous savions suivis par nos cartes bancaires, tracés par nos navigateurs web et pistés par nos GPS et smartphones, nous allons bientôt être épiés par nos véhicules. En effet, dès 2022, une « boîte noire » y deviendra progressivement obligatoire.

L’idée n’est pas neuve puisqu’elle remonte à 2019. Dans une volonté de nous protéger de nous-même, le Parlement européen a jugé utile l’obligation d’équiper les véhicules d’un mouchard électronique à l’horizon 2022… c’est à dire demain. A vrai dire, à cette date, seuls les modèles nouvellement homologués seront concernés, mais à partir de 2024, tout véhicule vendu neuf devra être équipé du fameux mouchard, quelle que soit sa date d’homologation par le constructeur.

En quoi ça consiste ?

A l’image de ce qui se fait dans l’aviation, cet enregistreur conservera toutes les données de roulage (vitesse, angle du volant ou action sur les pédales, déclenchement de l’ABS ou de l’ESP, position GPS…) avant et après un accident plus ou moins grave sur une durée de 30 secondes avant et après. En revanche, il n’aura aucun accès à ce qui se fait et se dit à l’intérieur du véhicule.

Du bon

Pour l’heure, soyons optimistes. Ce gadget permettra de déterminer les causes de l’accident et facilitera l’analyse de ce dernier. Les enquêteurs y auront accès, mais pas les assureurs. Les données seront censément anonymes et protégées car le but, louable, de l’Europe est d’optimiser et affiner les statistiques en matière d’accidentologie, non pas de désigner des responsables. On peut donc espérer que l’excès de vitesse, facile responsable des accidents, soit détrôné par d’autres facteurs plus accidentogènes, mais négligés, et ainsi sortir de la politique du tout-radar en France. Cependant, l’analyse de ces données ne sera pas systématique.

Du moins bon

Mais il est logique de se poser la question de l’après. A partir du moment où la possibilité de tout espionner existe, qui nous dit que le cadre légal ne puisse par être modifié à des fins de contrôle permanent ? Les forces de l’ordre ne pourront-elles pas, dans un avenir plus ou moins proche, interroger ce mouchard lors d’un contrôle de routine et ainsi verbaliser un écart de conduite enregistré dans ce dernier ? Les assureurs ne pourront-ils pas « affiner » les primes en fonction de la conduite de leur sociétaire ? De même, qui garantit que ce Big Brother digne de George Orwell ne puisse pas être, sinon partial, du moins parcellaire à l’image de ces vidéos défrayant la chronique sur les réseaux sociaux, mais tronquées, et éludant certains détails d’importance.

Et surtout des limites

Par ailleurs, ce système a un gros défaut : sa perception limitée. En effet, cet enregistreur aura accès à tous les capteurs du véhicule, mais ne sera pas en mesure de donner des détails sur les événements extérieurs : l'état de l’infrastructure routière, la consommation d’alcool ou de drogue du conducteur, les conditions météorologiques ou encore l’utilisation du téléphone.

Responsabiliser les conducteurs ?

Outre l’acquisition de données sur l’accidentologie, l’installation obligatoire de ces mouchards a sans doute pour but de responsabiliser les conducteurs, ce qui ravit les compagnies d’assurance qui espèrent une baisse des sinistres… et sans doute l’accès à ces données à terme.

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