’est bien loin des paysages océaniens que me reçoivent Romain et Édouard, les deux fondateurs d’Oley Workshop. Leur atelier se trouve à Roncq, à quelques encablures de Lille, dans le Nord, d’où est originaire le second. L’accueil se fait dans un grand bureau agrémenté de larges sofas avec vue sur l’atelier, propre et bien rangé : “On a fait le ménage avant que tu viennes”, sourit Romain. Je le crois bien volontiers, mais mon petit doigt me dit que désordre et poussière ne sont pas forcément les bienvenus ici.
Complices, les entrepreneurs se sont rencontrés au bout du monde, il y a 7 ans : “Nous étions partis chacun de notre côté en Nouvelle-Zélande, pour découvrir durant un an le pays en mode sac à dos. Nous nous sommes connus à Wanaka, une petite ville de l’île du Sud, dans un bar irlandais”, commence Édouard.
Les deux ont immédiatement sympathisé et décidé de faire le voyage ensemble… en campervan, vous vous en doutez. “Le van est super développé là-bas, dixit Romain. C’est l’idéal pour découvrir le pays. Le mieux est d’en acheter un l’hiver, quand les prix sont au plus bas, et de le revendre l’été aux nouveaux arrivants prêts à dépenser pas mal.” Du coup, ils décident de se séparer de leurs voitures respectives, d’acquérir un fourgon et de l’aménager. Si le voyage leur laisse des souvenirs inoubliables, les deux amis confessent avoir plus kiffé la réalisation de leur véhicule que son utilisation. La graine était plantée.
De retour en France, chacun vaque pendant un an jusqu’à ce que Romain propose de réaliser de nouveau un van, “histoire de voir ce que ça donne”.
Alors en Région parisienne, il rejoint Édouard dont le père, plombier-chauffagiste, propose un coin de son atelier. Il leur faudra douze mois pour aménager un T3 quelque peu défraîchi : “Il était complétement rouillé. On a tout décapé, on a fait de la carrosserie, de la peinture alors qu’on n’y connaissait rien. En plus de l’aménagement, on s’est lancé dans une restauration complète !” Édouard ayant des notions en la matière, grâce à son père, s’occupe de la plomberie et des installations de gaz quand Romain s’attelle à l’électricité en apprenant sur le tas, et les deux de l’aménagement en lui-même. Le tout en respectant les normes d’homologation VASP, catégorie qui vient d’entrer en vigueur.
Mettre un pied devant l’autre
Fin 2018, le chantier arrive enfin à son terme et ils remettent le couvert avec un autre véhicule : “On filmait tout et on mettait les vidéos en ligne sur Facebook et Instagram.” C’est par ce biais qu’ils ont leur première commande client. Une fois celle-ci honorée, ils partent en saison à la montagne, avant un voyage au Canada prévu de longue date… Et annulé pour cause de coronavirus. L’occasion rêvée pour retourner à l’atelier avec de nouveaux projets dont, pour la première fois, un fourgon sur Mercedes Sprinter.
À la fin de la période Covid, l’atelier Oley Workshop prend son envol. Les demandes arrivent et la marque se spécialise dans la réalisation d’aménagements sur mesure pour les véhicules des clients. La micro-entreprise, qui réalisait trois à quatre vans par an avec un délai d’attente de douze mois, se développe et devient société : “Si on voulait passer une étape, il fallait qu’on s’entoure de personnes compétentes en boiserie ainsi qu’en menuiserie.”
L’équipe se constitue avec Marie puis Théodore, jusqu’à aujourd’hui où l’atelier accueille six personnes en tout et produit jusqu’à une douzaine de fourgons à l’année, toujours sur mesure. Seulement la clientèle – et en particulier ses goûts – a évolué : “Avant, on avait des trentenaires comme clients et aujourd’hui, la moyenne d’âge est plutôt entre 55 et 60 ans. Ils sont aussi de plus en plus connaisseurs, ils savent tout ce qu’il est possible de faire dans un véhicule… Nous voulions proposer un véhicule de série. Mais avec un budget atteignant les 150 000 €, l’acheteur veut du sur mesure et se faire plaisir, et cela se ressent au niveau des bases. Actuellement, nous n’avons que des projets sur Mercedes Sprinter 4x4.”
Passionnés par l'aménagement
Pratiquants occasionnels, les deux amis sont surtout passionnés par l’aménagement en lui-même : “Toutes les compétences qui gravitent autour du van, l’électricité, la plomberie, l’isolation, optimiser l’espace… plus que l’utilisation, le challenge d’organiser l’espace nous motive.”
Et il faut bien avouer que les deux, et leurs compagnons, réalisent de très beaux véhicules.
Mais une question reste en suspens : ça veut dire quoi, Oley ? Sourire aux lèvres, ils expliquent : “C’est une sorte de gimmick qu’on se lançait avec nos potes, en Nouvelle-Zélande, pour se challenger soit pour une grosse randonnée soit pour une tournée dans un bar. Un truc comme vas-y, on fonce ! Une sorte de ‘Go !’”, une bravade que, vous vous en doutez, se sont lancée les deux amis au moment de créer leur atelier d’aménagement.