La Maire de Moulismes répond

Suite à notre article intitulé "Moulismes n'attire plus les camping-cars" la Maire de Moulismes nous a réclamé un droit de réponse. Voici donc son intervention, in extenso.

  • © tourisme-montmorillon.fr

Dans un premier temps il convient d’éclaircir l’historique de ce site. Comme vous l’avez explicité dans votre article, c’est bien M. Dufour, Maire de 1977 à 2001, qui a le premier compris l’intérêt d’accueillir les touristes en construisant les sanitaires en 1995, le terrain de tennis et par la suite, le local commercial loué par la commune. À cette époque, les camping-caristes étaient bien minoritaire et leur essor ne s’est fait que par la suite mais il faut savoir que les camping-cars ne représentent toujours pas la majorité de la fréquentation du site. Il vous faut savoir également que l’actuel gérant du snack sur site est de parenté avec notre précédent Maire de la commune de 2001 à 2014, qui n’est aucunement décédé (contrairement à M. Dufour il est vrai). Nous vous précisons au passage que ce gérant prétend connaître mieux que nous les attentes en matière de services des usagers, ce qui est cocasse de la part d’un commerce qui ne propose ni sanitaire, ni paiement par carte bancaire ! Il est le seul commerce sur l’aire et aucun des autres commerçants du bourg n’est venu se plaindre en mairie d’éventuels manques à gagner liés au nouvel aménagement. Ces différends pourraient ne pas vous intéresser me direz-vous mais ils ont un impact sur la promotion d’un site lorsqu’une personne inonde de désinformations des usagers, qui sont par la suite rapportés à un magasine qui les publie sans s’inquiéter de leur véracité.

Le site est fréquenté toute l’année mais particulièrement en période estivale avec parfois plus de 2 000 véhicules y transitant par jour et les camping-caristes, en croissance continue sur le territoire national, aiment à en profiter pour y passer la nuit. Le stationnement y était entièrement gratuit contrairement à ce que vous écrivez et qui pourrait faire accuser quelqu’un de profiter du site à l’insu de la municipalité pour faire payer le stationnement à 3 €, ce qui rajoute à vos propos une gravité juridictionnelle. Toutefois, une borne obsolète (de 1997) permettait quand elle fonctionnait de se servir en eau pour 3€ mais les jetons ne pouvaient être vendus sur place. Les conditions d’accueil n’y étaient ainsi pas optimales : la poussière par temps sec et la boue par temps humide étaient complétées par les ornières crées par le poids des véhicules sur un sol inadéquate avec le risque de créer des dommages sur ces derniers. Sans parler de tous ceux qui s’y embourbaient et des risques liés aux arbres vieillissants. Ce n’est pas les quelques camions de cailloux déposés chaque année qui pouvaient régler cette problématique. La précédente mandature avait déjà réfléchi à un aménagement en 2010 mais celui-ci s’avérait onéreux (plus de 400 000 €) avec aucun retour sur investissement pour notre commune de 397 habitants.

Nous avons donc fait le choix de réaménager l’aire de repos en nous imposant l’idée de ne pas faire supporter cet investissement aux administrés. Le projet devait concilier aire de service pour les camping-cars et aire de repos pour les autres usagers. Nous devions structurer l’offre de stationnement et d’hébergement avec un niveau de service conforme aux exigences réglementaires tout en le modernisant par l’apport des nouvelles technologies. Ces installations sont complétées par le stand d’information touristique ouvert en juillet-aout grâce à l’Office de tourisme Sud Vienne Poitou où des hôtesses accueillent et guident les touristes. Nous en profiterons pour délocaliser une partie de l’épicerie du village sur la même période avec en sus un vendeur de fruits et légumes, complétant avec les équipements, tennis, ping-pong, les tables de pique-nique, les sanitaires et le snack le panel des services à disposition des touristes.

Concernant la partie camping-cars, la gestion d’un tel service 24h/24 7jours/7 ne pouvait être d’ordre communal. Nous avons donc pris le parti de laisser cette gestion à un prestataire national et professionnel. L’aire de service comprend 53 places avec à disposition l’eau, deux aires de vidange des eaux usées, l’électricité et la Wifi. À l’image de la politique touristique du territoire, nous avons choisi de faire monter en gamme l’accueil des camping-caristes, public possédant les moyens mobiles pour profiter de l’offre conséquente des sites touristiques. Sans omettre que la taxe de séjour prélevée permettra en sus de développer cette offre. Comment peut-on nous le reprocher ?

Concernant la question du bitume et des arbres : le sol particulièrement humide car en bordure d’étang, nécessitait un traitement particulier (chaux et ciment) afin d’assurer la pérennisation du revêtement et son maintien vis-à-vis des contraintes de poids des véhicules y transitant (notamment des bus et camping-cars volumineux). Nonobstant, le premier projet élaboré par nos prédécesseurs en 2010 prévoyait également l’enrobé, indispensable vu le trafic. Nous tenons à préciser que le projet a fait l’objet d’une étude au cas par cas par la DREAL qui n’a pas sollicité d’étude d’impact. Nous ne nous prétendons pas au-dessus des lois et n’abattons pas des arbres centenaires par plaisir. Les élagueurs venus pour l’entretien de certains chênes du site nous avaient alertés sur leur dangerosité et nous avaient préconisés l’abattage des malsains (4 arbres, bien loin des 15 prévus sur le projet de 2010). À cette annonce, les gérants du snack ont tout tenté (entre autres par voie de presse) pour faire annuler cette décision. Nous avons donc été dans l’obligation de procéder à une expertise par l’ONF qui a confirmé le danger et le bien-fondé de ces abattages dans l’intérêt de sécuriser les usagers du site. Ces arbres n’étaient donc pas gênants, ils étaient dangereux et il est des prérogatives de la municipalité de veiller à la sécurité de la population.

Vous notifiez que la commune a investi beaucoup d’argent, que les retombées financières attendues sont un échec total alors que la gestion coûte cher. Sachez donc qu’à ce jour, ce projet a été subventionné à plus de 78%. Son montant est de 229 000 € HT avec 178 000 € de subventions et nous aspirons à atteindre les 80% car nous attendons encore la notification d’une demande de subvention du volet amendes de police du Département. Les 20 % restant sont financés par un emprunt qui est intégralement couvert par la redevance fixe d’occupation des sols reversée par la société Camping-car Park. Aucune dépense n’est prélevée sur le budget principal. Bien au contraire, le fait de renommer le budget local commercial en budget aire de repos nous a même permis d’y financer des dépenses non négligeables inhérentes au site telles que la redevance d’enlèvement des ordures ménagères, l’eau et l’assainissement, qui étaient à l’origine prélevées sur le budget principal et donc payées par les administrés. Sans compter l’entretien du site avec un agent 7 jour sur 7 pour les sanitaires en été. Qu’avez-vous écrit déjà ? Aveuglée par une simulation économique trop flatteuse… mais lesquels d’entre nous sont amblyopes ???

Enfin, quel serait l’intérêt de la commune de renvoyer des usagers dont on ne souhaite que mieux les accueillir !! Le site est soumis à une nouvelle réglementation que nous serons amenés à faire respecter dans le temps mais rien ne sert de contraindre, d’autant que certaines signalisations sont encore manquantes ou à rajouter. Les camping-caristes conservent pleinement leur liberté mais se doivent de respecter les règles, comme tout un chacun. Dès lors, je vous pose la question de savoir quelle est l’image des camping-caristes que vous voulez donner lorsque vous évoqué que nous ne sommes pas un exemple à suivre. Durant des années, ceux-ci plébiscitaient le site pour son cadre qu’ils dénigreraient désormais alors que nous ne cherchons qu’à l’améliorer. Pourquoi donc l’éviteraient-ils ? Pour une dizaine d’euros le séjour ? La problématique ne serait donc que pécuniaire ? Vous écrivez que quelques-uns font de la résistance mais de la résistance à quoi ? À honorer un séjour comme tout touriste se le doit ? Ne pensez-vous pas qu’avec ce genre de propos discriminants envers les touristes vous incitez vous-même les municipalités à règlementer drastiquement les stationnements afin d’offrir des aires d’accueil ? Car il s’agit de stationnement ou d’aire d’accueil et de services ?

Certains me relatent qu’ils sont des véhicules comme les autres et qu’ils n’ont pas à payer pour stationner. C’est totalement vrai sous réserve qu’ils respectent les autres usagers de la route et les arrêtés de stationnement qu’une commune prend. Nous ne pouvons que suggérer sans obliger. Chacun est responsable de ses actes et des conséquences qui en découlent. Que pensez-vous obtenir en dénigrant le travail des élus qui prennent l’initiative de ne pas interdire mais de mieux accueillir ? Mais quelle image voulez-vous donner ? Il y avait un intérêt à s’arrêter ici depuis presque 30 ans, cet intérêt n’était donc que financier ? Comment croyez-vous être perçu par la population avec ce style d’allégations ? Ne vous étonnez pas que certains vous considèrent alors comme une caste ! Mes administrés, non seulement ne concourent plus aux charges du site mais en sus, ne participent aucunement au financement du projet. L’objectif d’intérêt général est donc bien respecté, chacun participant aux charges qui lui sont dues. Ce projet consistait à optimiser le site pour le rendre plus accueillant. Il a été réfléchi et n’est peut-être pas au goût de tous mais il est économiquement viable et respectueux du cadre initial.

D’autres osent m’expliquer que nous n’avons rien à Moulismes qui pourrait justifier une telle tarification. Mais je rêve ? Depuis quand la ruralité doit elle se plier à la condition que quelques-uns veulent en donner ? Notre campagne avec ses paysages bocagers ne possède peut-être pas un nombre élevé d’habitants au kilomètre carré mais offre des atouts et des richesses que nul ne peut rabaisser au prétexte que ses services valent moins que ceux des urbains.

Chaque changement attire les foudres des ignorants qui ne cherchent nullement à combler leurs lacunes par la compréhension des objectifs. Ce site nécessitait ces améliorations et l’essor du mode d’hébergement du camping-car ne peut se faire au détriment des autres usagers car si l’on reprend la déclaration des droits de l’Homme, « la liberté des uns s’arrête là où commence celles des autres » et nombreux ces derniers sont satisfaits de notre travail. Ne parler que des commentaires négatifs c’est omettre tous ceux qui sont positifs.

Chacun peut tirer profit de ce site exceptionnel, que cela soit pour son côté agréable pour une halte, pour son volet touristique, pour ses services ou son aspect économique et commercial. C’est la volonté collective de tous qui permet de faire bénéficier chaque entité du potentiel. Il suffit de le comprendre et de le vouloir.

Nous restons par conséquent persuadés que c’est en travaillant tous ensemble que chacun pourra bénéficier des bienfaits non seulement de cet aménagement, mais aussi de tous ceux à venir.

En souhaitant que l’ensemble de ces éléments vous permettent de mieux appréhender la complexité de cette situation qui n’a de complexe que ce que certains veulent en démontrer.

Sans embarras, Les membres du Conseil Municipal de Moulismes

 

 

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