Il nous a rapidement fait de l’œil, ce château de Suscinio. En même temps, avec ses courbes, ses arêtes ou encore son puits mignon tout plein, comment ne pas fondre devant un tel spectacle ? comment lui résister ? Nous, on n’a pas pu ! Alors, on s’est laissé aller. Après avoir tranquillement flâné sur la plage à écouter le ressac de l’Océan, nous sommes partis à sa rencontre, déterminés, bien qu’un poil fébriles. On a commencé par admirer les marais, à la faune et à la flore aujourd’hui considérables et remarquables, qui, auparavant, lui ont apporté grandeur et prospérité, notamment grâce à la culture du sel. Puis on a continué notre balade, toujours dans sa direction, en le devinant d’abord à travers la végétation avant qu’il ne se dévoile, enfin, complètement à nous. Un spectacle tout bonnement saisissant…
A notre arrivée, au pied de cet imposant vaisseau de pierre, notre coup de foudre a été confirmé, subjugués que nous étions par sa carrure, ses tours sublimes et ses pierres si caractéristiques de la Bretagne. La présence d’un petit pont-levis à l’entrée témoigne également et superbement des vestiges de son passé. Car s’il est devenu au fil des ans une résidence de plaisance, ce château, construit au XIIIe siècle, a gardé de cette période du Moyen Age plusieurs éléments de défense, à l’image des remparts et des chemins de ronde munis de mâchicoulis, sans oublier les nombreuses meurtrières au niveau des tours. Cette véritable vitrine militaire des Ducs de Bretagne s’est ainsi retrouvée, de temps à autre, au milieu de certains conflits au cours des siècles. Mais encore aujourd’hui, on ignore néanmoins si d’éventuelles actions militaires ont vraiment eu lieu à Suscinio. On sait tout juste qu’une fois, un soldat de garnison a fini estropié…
Ce qui attire et intrigue aussi à Suscinio, c’est le mystère qui entoure le domaine. Ce qui lui donne un charme assez fou.
Un site où les secrets règnent…
L’origine de ce site, avant la construction du château à proprement parler, suscite quelques interrogations. Pendant longtemps, on a dit que les moines avaient été obligés de déguerpir pour laisser place à plus puissant qu’eux. Mais ce mythe pourrait bien venir des hommes d’église eux-mêmes, des faux ayant été retrouvés dans les archives de l’abbaye Saint-Gildas-de-Rhuys. Aussi, pour en savoir plus, des fouilles archéologiques ont été entreprises et sont en cours aujourd’hui encore. Mais rassurez-vous, elles ont déjà révélé quelques pépites. On peut d’ailleurs en voir quelques-unes dans le logis, comme des petits dés confectionnés à partir d’ossements d’animaux, une tasse en céramique recouverte d’une glaçure verte du plus bel effet, des instruments d’hygiène, des jetons d’ardoise… Mais une des plus belles pièces, si ce n’est la plus belle, reste tout de même le pavement médiéval. Un véritable trésor ! Un espace du logis lui est même intégralement consacré. Ce pavement a été découvert en 1975, à l’extérieur du château, au niveau de la chapelle – qui est aujourd’hui complètement en ruine. Et pour ne rien vous cacher, on s’est régalé pendant plusieurs dizaines de minutes à admirer ces différents carreaux. Suscinio est donc encore loin d’avoir livré tous ses secrets. Quand on vous dit que l’endroit ne laisse pas insensible… Pour vous en rendre compte par vous-mêmes, il n’y a qu’une solution : y aller ! Vous ne serez pas déçu du voyage, c’est certain. Et dire qu’il y a encore quelques années, ce château, largement pillé après la Révolution française, n’était pratiquement plus qu’un tas de débris…
