Confinement #2 : journal d'un confiné en camping-car, semaine 2

Déjà lors du premier confinement, Matthieu nous partageait son quotidien de confiné en camping-car « Marguerite », un Hymer Crossover. De nouveau en confinement, il reprend la plume pour un journal de bord personnel et pertinent.

  • © Matthieu Constanzo
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© Matthieu Constanzo
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Un tout petit peu de ciel bleu, quelques nuages côtiers qui s'enhardissent dans les terres varoises, au point de cacher le soleil d'habitude si généreux dans ce coin de la France, et même des trombes d'eau pour clôturer cette première semaine. Le gris a été la couleur dominante ces derniers jours, même si les températures furent douces. Mais que c'est bon le soleil quand il pointe le bout de son nez. Je suis quelqu'un qui vit en harmonie avec la nature et suis tellement météo-sensible. C'est certainement dû à ma passion hors-confinement, le parapente, où j'ai souvent l'habitude de scruter le ciel. Une journée sans soleil me paraît être une journée perdue.

 

En télétravail

En fait, en ce moment, les heures de télétravail conformes à mon emploi du temps en présentiel font que cette légère déception météorologique importe moins. Surtout quand les cours commencent à 8h et finissent à la tombée de la nuit, heure d'hiver oblige.

Ces cours réguliers permettent de rythmer les journées, et je dirais que l'enseignement en distanciel a l'avantage de gagner du temps de transport, en étant "sur place", donc gagner en temps de sommeil. Je m'oblige à me doucher et à m'habiller, même si je ne suis pas toujours visible via la webcam. Certains étudiants participent comme d'habitude et nous nous exprimons sans masque (impossible pendant les premières semaines où nous étions en mode hybride ou comodal), mais il y a un peu de déshumanisation à avoir un écran en face de soi plutôt que de vrais visages. Par rapport au premier confinement, le taux d'absentéisme est voisin de 0 y compris en première année alors qu'il était voisin de 80% en mars-avril-mai ! Les étudiants ont pris l'habitude de se connecter et ont dû se rendre compte qu'assister aux TD est essentiel (même si c'est tellement tentant de rester au lit et de dire qu'il n'y a pas de connexion possible...).

Le drive en camping-car

En tant que camping-cariste, je suis tributaire des vidanges (eaux grises, toilettes) et remplissage en eau propre et ayant une aire de services à une dizaine de km, je profite de la sortie hebdomadaire des courses pour tout faire. Et rentrer au "campement". Ce samedi, j'ai été arrêté au rond-point jouxtant l'aire : j'avais les papiers, l'attestation dérogatoire et les gendarmes m'ont dit que c'était bon. J'ai pu continuer. Ils n'ont pas été surpris, il y avait 3 CC branchés (ventouses) depuis la semaine dernière.

Quand je vais faire mes courses au drive (pour éviter les contacts dans les grandes surfaces), je vois les visages d'étonnement ! Serais-je en train de visiter la région ? Le Var, l'été, est plein de touristes et étant immatriculé à des centaines de km... mais non, je fais du télé-travail, j'avoue cependant que j'éprouve un certain plaisir ! Plaisir de vivre dans ma maison mobile, plaisir d'être un peu à part, en marge et le plaisir de savoir que mon petit Hymer de 5m99, soit 6 m2 de surface habitable, peuvent suffire largement à vivre des semaines entières.

Avec le premier confinement, j'ai appris à faire durer mes 100 litres d'eau 11 jours maximum, avec deux mini-douches (pas toilette de chat, non, non, douches) et mes deux bouteilles de GPL de 20 litres chacune me permettent de tenir un mois (chauffage, gaz, réfrigérateur). Et puis j'ai l'appoint de la source électrique de mes amis si la batterie tombe en-dessous de 50% et si les panneaux solaires sont insuffisants. Ce n'est pas du camping de luxe, ce n'est pas du minimalisme, ce n'est pas de la survie. Non, je vis correctement sans me priver, en étant organisé et méthodique.

Pourquoi le camping-car ?

Quel est l'intérêt d'être confiné dans son petit camping-car quand on a un appartement de 88 m2 ? Déjà ne pas être en ville, pouvoir respirer l'air pur et profiter d'un paysage naturel plutôt que des immeubles ou des rues. Pouvoir profiter de son heure d'exercice physique pour circuler en vélo dans les chemins et entre les vignes. Dormir dans le silence et sans voisin. Donner à l'oeil la possibilité de voir son horizon s'ouvrir, les collines vous tendre les bras quand je vais au pain en deux roues. Et cela n'a pas de prix pour la santé et l'équilibre mentaux. Pour résister aux affres du confinement et accepter plus sereinement l'absence de liberté. Car il faut le dire, devoir signer son attestation pour pouvoir sortir de chez soi, c'est quand même assez unique... Tel un prisonnier, on a droit au royal 1 km/1h... alors, il faut non pas ruser mais utiliser la bicyclette pour les "besoins essentiels". Je pourrais presque amener mes toilettes chimiques en vélo, mais bon pas très pratique...je n'ai pas de carriole derrière moi. Mais cela pourrait être une idée ;)

Se mettre au vert

Je pense parfois au malaise que j'éprouverais d'être enfermé dans mon grand appartement de ville et devoir juste descendre les 3 étages pour les courses et le pain. Non, vive la campagne et je pense à tous ceux qui vivent à plusieurs dans une surface très réduite. Quelque part, je comprends les milliers de Parisiens qui ont voulu fuir la capitale ou l'Ile de France pour se confiner au vert. Oui, limiter les interactions sociales est essentiel pour ne pas tomber ou faire tomber malade, mais les incohérences des interdictions du sport, des petits commerces sont parfois dures à comprendre. Heureusement, le gouvernement a laissé les parcs, les plages et forêts libres d'accès (avec une attestation) ! C'est déjà ça pour s'aérer l'esprit !

Fin mai-début juin, nous re-goûtions à la liberté de pouvoir circuler sans contrainte, sans attestation. L'été nous a vite fait oublier les contraintes qui nous retombent dessus. C'est ainsi, mais on s'en serait bien passé, surtout quand on est adepte de la liberté totale. Oui, le parapente me manque énormément. Mais j'ai beaucoup de chance. Alors tenons bon et restons en bonne santé !

 

Par Matthieu Constanzo

 

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