Star, cela vous dit-il quelque chose ? Non ? Eh bien, sachez que cette firme n’a pas vraiment disparu puisqu’elle est devenue, au milieu des années 1980, Autostar. Et non, les actuels fourgons aménagés Van Design Edition sont loin d’être les premiers de la marque bretonne, comme le prouve cette Estafette Studio Car qui, par ailleurs, nous remémore que Renault, bien avant son Trafic SpaceNomad, proposait un véhicule de loisirs dans les années 60 et 70. Mais revenons au modèle qui lui sert de base, la Renault Estafette. Lors de sa commercialisation, en octobre 1959, elle est plus novatrice qu’on pourrait le croire. Si elle emprunte nombre de ses éléments mécaniques aux voitures du Losange, elle est le premier modèle de l’histoire du constructeur à adopter la traction ! Un pari risqué que Renault, peu aguerri à ce type de transmission, a anticipé en confiant des exemplaires de présérie à des flottes professionnelles pour des tests en conditions réelles. Rapidement, l’Estafette réussit à se faire une place aux côtés du Citroën Type H apparu en 1947, mais toujours conquérant, et aux dépens du Peugeot D3/D4, qui tire sa révérence en 1965. Tout d’abord motorisée par le 845 cm3 de 32 ch de la Dauphine, puis, en 1962, par le “Cléon Fonte” 1 108 cm3 de la Renault 8 et ses 45 ch, elle finira sa carrière avec le 1 289 cm3 (43 ch) de la Renault 12. Au niveau carrosserie, l’offre est également conséquente : toit rehaussé, version allongée, pick-up bâché… Le réseau Renault propose, par ailleurs, cette version Studio Car, développée par la Sabem, la Société anonyme bois et matériaux. Une entreprise créée en 1957 à Trémuson, à quelques encablures de Saint-Brieuc en Bretagne, par deux beaux-frères, André Biré et Louis Barboni, pour fabriquer des caravanes sous la marque Star. Au départ, cinq personnes œuvrent : les fondateurs de Star, Bernard Hénaff et Jean Landel, mécaniciens, ainsi que le menuisier Louis Mordelet. Dans les années 1970, 300 employés travailleront dans l’usine de 8 hectares. Des maisons en kit viendront diversifier l’offre, puis arriveront les camping-cars. Hélas, la belle histoire se terminera mal et Star disparaît en 1984. Autostar naîtra de ses cendres encore fumantes sous l’impulsion de cadres et salariés de l’entreprise, se consacrant uniquement aux camping-cars.
Do It Yourself Fourgon
Pour revenir à notre Star du jour, il s’agit d’un kit d’ameublement à installer soi-même dans son Estafette (ou à faire poser par son concessionnaire). Démontable en une quinzaine de minutes selon la documentation de l’époque, il permet de transformer son utilitaire ou son minibus en fourgon aménagé, et inversement, en un tournemain. L’ensemble comprend une grande penderie derrière le conducteur, dont la porte en deux parties permet d’occulter complètement la cabine de conduite pour la nuit, une banquette convertible en lit pour deux dans le prolongement, des rideaux, un bloc cuisine côté passager comprenant une table rabattable avec réchaud deux feux (signé Star !), tiroir à couverts et évier avec paillasse, ainsi qu’une pompe à pied pour alimenter le robinet ! Un ensemble facturé 2 500 F (environ 3 300 €), quand l’Estafette elle-même valait 7 500 F HT (un peu moins de 10 000 €). Dans les versions rallongées dites “1 000 kg”, il était possible, comble du luxe, d’ajouter un réfrigérateur et une commode à trois tiroirs. Notre Star étant une “800 kg” rehaussée, un modèle de 1968 à calandre “grillage” mais disposant du moteur de la Renault 8, elle ne profite pas de ces derniers raffinements. Elle n’en reste pas moins une exceptionnelle deuxième main, qui affichait quelque 30 000 kilomètres seulement lorsque ses actuels propriétaires l’ont achetée. Depuis, elle fait leur plus grande fierté lors de sorties entre rétro-campeurs ou, tout simplement, lors d’escapades en couple, sous le regard nostalgico-amusé de ceux qui ont connu l’Estafette ou étonné des autres, mais toujours bienveillant.
A lire aussi :
ForNomad signe l'aménagement d'une Estafette Renault. Sublime !
