Ecotaxe en Corse : l’ATC nous dit tout

Validé dans sa grande majorité par l’Assemblée corse, le rapport proposant la mise en place d’une écotaxe pour les camping-caristes, fait suite à la fréquentation touristique croissante, qui donne lieu à des incivilités.
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L’ATC, l’agence de tourisme corse est l’auteure du rapport concernant la présence des camping-cars sur l’Île. Validé fin juillet par l’Assemblée corse, le rapport évoque la possibilité d’une écotaxe pour les camping-caristes ne respectant pas l’interdiction du bivouac sauvage.

Le sujet fait déjà réagir la communauté des voyageurs itinérants. Afin de clarifier le projet, Mme Maupertuis, présidente de l'agence du tourisme de la Corse, a répondu aux questions de Camping-Car Magazine et ainsi vous faire mieux comprendre les enjeux de ce rapport.

Comment en est-on arrivé à rédiger ce rapport ?

« La question de la gestion des campings cars en Corse n’est pas nouvelle. Le territoire renommé pour la qualité de ses paysages naturels et sa préservation se prête en effet à la découverte en itinérance des sites au détour de routes sinueuses avec des traversées étroites de villages peu adaptés d’ailleurs à ce type de véhicule. Or près de 28.000 campings cars débarquent en Corse pour des séjours touristiques assez longs (supérieur à 10 jours). Leur fréquentation est de plus importante entrainant un accroissement des stationnements abusifs.

En particulier, la pratique du camping sauvage dans des sites naturels protégés, forêts, bords de rivières, plages, considérant peut-être qu’en Corse tout est permis au mépris des lois existantes s’est étendue sur toute l’île à la vue de tous. Naturellement cela a entraîné un mécontentement de la population, des élus locaux dépourvus et des professionnels du tourisme face à ce phénomène.

Le nouvel exécutif de Corse, particulièrement sensible à la protection de l’environnement et aux effets de seuils acceptables en tourisme s’est emparé du sujet. L’ATC a donc présenté un rapport et des propositions à l’Assemblée de Corse après une série de consultations avec les collectivités locales, les gestionnaires de sites, les professionnels de l’hôtellerie de plein air, les compagnies maritimes… »

Que propose-t-il concrètement comme solution ?

« La première proposition consiste à convaincre les adeptes de cette forme de tourisme que l’île est un espace fragile et protégé et qu’il n’est pas possible de séjourner n’importe où, sans l’accord des propriétaires ou des gestionnaires. A priori, les campings caristes, s’ils sont respectueux de la nature devraient être sensibles à ce message. Il s’agit d’abord de communiquer sur l’interdiction du camping sauvage en Corse qui est parfaitement précisée dans le code des collectivités territoriales que les camping caristes connaissent bien, même s’ils l’oublient fréquemment, déballant leur matériel de camping en bord de plage, en forêt ou en site naturel protégé, pensant probablement que la verbalisation sera hypothétique. La communication et la pédagogie sont prévues à la fois en amont à la réservation du billet auprès des compagnies maritimes, mais aussi pendant le voyage par de l’information diffusée sur les ferries et en aval pendant le séjour par des rappels au bon comportement.

La seconde proposition vise à réguler cette fréquentation croissante en l’incitant à passer des nuitées dans les campings ou dans les aires aménagées spécifiquement pour les camping-cars. Il n’y a en effet aucune raison que le camping-cariste, comme tout autre touriste, ne contribue pas aux efforts publics en matière de gestion de l’eau, d’assainissement, de gestion des ordures ménagères et ne participe pas aux équipements publics dont il bénéficie. Les autres formes de tourisme y contribuent toutes, ne serait-ce que par le paiement d’une taxe de séjour.

Dans cet esprit, la solution retenue consiste à prélever à l’entrée, une taxe environnementale suffisamment dissuasive pour qu’il ne s’agisse pas d’un permis de polluer et qui permette de financer des équipements de nature à accueillir dans de bonnes conditions ces clientèles et à protéger l’environnement. Cette taxe serait conditionnelle et liée aux comportements vertueux dans la mesure où elle serait remboursable pour ceux qui ont passé des nuitées dans des établissements dédiés - qui ne manquent pas puisque l’île compte près de 220 campings. » 

Conséquences attendues une fois la mise en place

« La Corse n’a pas vocation à faire du tourisme de masse, sa faible population -320.000 habitants permanents – la qualité de son territoire, et son identité forte commandent de maintenir les équilibres environnementaux, sociaux et sociétaux.   Ainsi l’île ne court pas après le plus de touristes pour lui préférer un « mieux tourisme ».

Pour les camping caristes habitués à fréquenter les établissements de plein air (une bonne majorité 60 à 75%), cela ne changera rien. Les campings sont d’ailleurs le plus souvent remarquablement bien placés dans toute l’île.

Pour ceux qui pensaient arriver dans un territoire de non droit, ceux-là devront choisir.

 - Soit ils décident de respecter les règles et payer l’écotaxe remboursable ; ils viendront augmenter les nuitées de campings et seront les bienvenus. Ils verront leur vignette environnementale remboursée à leur départ. Ce sera donc neutre pour eux et positifs pour l’environnement ;  - Soit ils décident de fonctionner en totale liberté au mépris de toutes les règles ; nous ne pouvons pas leur interdire de venir puisque nous respectons le droit de libre circulation des personnes mais l’écotaxe ne sera pas remboursée. Cela ne les dispensera cependant de l’obligation de respecter toutes les lois.

L’objectif consiste bien entendu, non pas à repousser mais bien à réguler complètement ce phénomène qui a pris des proportions considérables en Corse. L’accès au territoire exceptionnel de l’île obéît à un minimum de contraintes, exactement comme d’autres sites majeurs dans le monde. Il s’agit juste d’édicter des règles et d’inciter à les respecter ; d’améliorer les conditions d’accueil et de protéger l’environnement en même temps. »

Suites de ce rapport

« Ce rapport, a été, il convient de le souligner, approuvé par tous les groupes politiques représentés à l’Assemblée de Corse à l’exception des communistes qui se sont abstenus, c’est dire le consensus que recueille dans l’île cette prise en charge du problème, attendue depuis quelques années.

S’agissant d’une taxe environnementale pour la Corse, la délibération de l’Assemblée de Corse va être transmise au Premier ministre avec pour objectif de la voir inscrire dans la Loi de finances avant la fin de cette année.

Côté pratique, c’est à l’Agence du Tourisme de la Corse qu’a été confiée la mise en œuvre du dispositif qui nécessitera la création d’une plateforme digitale spécifique sur laquelle les campings-caristes pourront acheter et télécharger leur vignette environnementale, ainsi que la mise en place d’un système de lecture optique et numérique pour les gestionnaires de campings ou d’aires communales. Il permettra d’alimenter en temps réel la plateforme de gestion du dispositif et procéder très rapidement au reversement de la taxe, lorsqu’il y a comportement vertueux des camping caristes. »

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