La scène se passe au premier étage d’un bâtiment en pierres, à quelques encablures du centre historique de Châlons-en-Champagne. Derrière une porte à priori anodine apparaissent des dizaines et des dizaines de journaux et de magazines, empilés à la va-vite autour et sur un bureau où il ne reste plus aucune place. Des emballages de feuilles à dessin, des sacs plastiques, des classeurs ou encore des cartons sont aussi de la partie. Seul un minuscule carré, au milieu, reste vide, seulement perturbé par la présence de quelques crayons et d’encre noire.
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C’est sur cet espace pour le moins restreint que Cabu avait pour habitude de donner vie à ses dessins. Reconstitué à l’identique, le bureau parisien du dessinateur est l’un des moments forts et émouvants de la visite de cet endroit se voulant finalement follement à son image : la Duduchotèque. Disparu il y a maintenant dix ans avec plusieurs de ses copains au cours de l’attentat djihadiste ayant frappé la rédaction de Charlie Hebdo, Jean Cabut a en effet toujours su jouer à la perfection avec les émotions, en distillant, dans ses dessins et ses reportages, du rire, mais aussi de l’interrogation, en interpellant sur des combats qui l’ont toujours habité.
« Il s’est très vite emparé de sujets comme le racisme, la place des femmes dans la société, les violences conjugales ou encore l’environnement », précise l’une des responsables du lieu. Comme Cabu, la force de cet endroit est également d’être toujours en mouvement et d’évoluer au fil des ans.image
Chaque année, une nouvelle thématique
Chaque année, une nouvelle exposition voit ainsi le jour sur les trois niveaux du site, en surfant notamment sur l’actualité, comme ce fût le cas l’an dernier, avec les Jeux Olympiques, où la thématique sportive était à l’honneur, mais aussi sur le calendrier politique, à l’image des dernières élections présidentielles, où nous avons eu le droit à une succulente succession de dessins sur les « Présidents de Cabu ». Pour les dix ans de sa disparition, le choix s’est porté, jusqu’à la fin du mois de mars, sur la liberté d’expression et la censure, avec un événement intitulé « Cabu, un homme libre », avant qu’une nouvelle thématique, totalement inédite, ne prenne la suite jusqu’à la fin de l’année.
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Lieu vivant, avec des animations parfois savoureuses à expérimenter, notamment au niveau de son dernier étage, la Duduchotèque permet également de se rendre compte que Cabu a su très tôt qu’il avait la vocation pour devenir dessinateur de presse. Ses premiers dessins, alors qu’il n’était qu’un tout jeune garçon, sont là pour en témoigner ; notamment celui lui ayant permis d’être publié pour la première fois. C’était dans les colonnes de l’Union, le journal régional traitant de Chalons et sa région. « Il n’avait alors que quinze ans et ce dessin a tellement bien fonctionné que Cabu s’est très vite retrouvé à avoir plusieurs publications par semaine dans le journal », explique notre guide.
S’il a très vite été publié dans la presse nationale, comme le montre la mise en évidence de son premier dessin paru dans Paris-Match, Cabu a néanmoins toujours gardé un fort lien avec sa ville natale. A tel point qu’elle lui a inspiré l’un de ses plus fameux personnage : le Beauf. Son histoire est même délicieuse, puisque selon la petite musique, elle met en scène un patron d’un bar chalonnais qui, pendant longtemps, ne s’est même pas rendu compte que le Beauf, finalement, c’était lui. Ce personnage imaginé par Cabu était même tellement puissant que ce terme est carrément entré dans le langage commun et le dictionnaire. Alors qu’à l’opposé, l’un de ses autres bébés, le Grand Duduche, personnage rêveur, n’aimant pas le sport et l’école, pouvait parfois, par ses traits et sa façon d’être, lui ressembler. De quoi rire, encore et encore !
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