Confinement #2 : journal d'un confiné en camping-car, semaine 5

Après cette 5e semaine de confinement, nous retrouvons Matthieu Constanzo pour sa chronique hebdomadaire. Cloîtré dans son camping-car, il nous partage son quotidien et son regard sur l’actualité.

  • © Matthieu Constanzo

Après les annonces de M. Macron et le début d'un confinement allégé, les rues se sont peu à peu remplies et les magasins dits "non essentiels" ont pu reprendre leur activité, si bienfaisante au moral de toutes et tous les commerçants, ravis de revoir des clients. Je n'y ai pas participé - par souci de limiter les contacts et par peur de la foule agglutinée en cette semaine de Black Friday. Bon, certains vont m'en vouloir, mais je privilégie la santé tant qu'on n'en sait pas plus sur le virus. Donc, c'est courses au drive local, le samedi, corvée inhérente à la vie en camping-car. Heureusement, malgré les gelées matinales (même dans le Sud), l'eau ne gèle pas dans les tuyaux, et je peux toujours m'approvisionner en eau. C'est donc un minimum de temps que j'ai passé "en ville". Je préfère le passer, vous le savez déjà, en pleine nature, sur un VTT ou dans les airs, qui plus est avec un rayon d'action élargi à 20km, cela suffit presque à mon bonheur de confiné.

 

Le mécontentement

C'est là que je trouve la tâche d'un gouvernement -facilement critiquable (et je le critique sur les réseaux d'informations et sociaux)- titanesque car il faut que toutes les professions, toutes les corporations, tous les citoyens soient contents. Or, c'est impossible. Il y a et il y aura toujours des mécontents. Alors, chacun cherche dans l'arsenal des règles sanitaires actuelles, des petits arrangements... Je ne vous dirai pas lesquels, mais ils se font. Pour ma part, l'idée que je combats l'absurde de manière pacifique. Ce n'est pas le cas des black blocs qui détruisent tous les symboles de "richesse" sans s'apercevoir qu'ils détruisent toute manifestation légitime puisque les chaînes d'information ne relatent que les incidents, les voitures brûlées, les vitrines saccagées. Au-delà de la rancoeur des vraies victimes, au-delà d'un ras-le-bol dans Paris, c'est la négation du travail, du dur labeur de certains commerçants, de propriétaires de voitures (même de standing) qui est mis en exergue par les médias, et cela donne l'impression d'un immense gâchis social et sociétal. Une touriste espagnole se demandait si c'était ça, Paris...

© Matthieu Constanzo

Les fêtes qui approchent…

Les fêtes de fin d'année approchant, les mairies se sont mis en tête de vouloir décorer les rues comme si de rien n'était. Est-ce bon pour le moral ? n'est-ce qu'un miroir aux alouettes ? de la poudre de perlimpinpin ? aux yeux, en tout cas...

Est-ce que le citoyen lambda a besoin de croire ou qu'on lui fasse croire que "tout va bien" pour oublier la morosité ambiante ? Pourquoi dépenser autant d'argent dans les illuminations, alors que les besoins sociaux sont si forts avec de nouveaux pauvres, des étudiants sans petit boulot etc. A-t-on besoin de ces lumières en trompe-l’œil, je pense à ces Champs-Elysées, jadis la plus belle avenue du monde, comme osent le dire les journalistes alors qu'avec la crise des Gilets jaunes, elle a été le témoin de batailles rangées, de dégradations ? Du bout de la lorgnette, dans mon camping-car, en écoutant les informations chaque jour, je m'aperçois du côté dérisoire parfois de certaines choses, et pourtant ce dérisoire, ce superflu, on en a tellement besoin parfois ! Un coucher de soleil, un bon film sur Netflix (désolé pour les chaînes françaises traditionnelles, mais ce n'est que séries, rediffusions et j'en passe...), une conversation audio ou vidéo, quelques messages écrits via e-mails ou réseaux sociaux, quelques mots qu'on attrape au vol et qu'on serre précieusement contre son coeur, de peur qu'ils ne s'envolent.

 

Tout le monde parle de vaccin

Rassurez-vous, tout va bien en ce qui me concerne, la santé, du travail de corrections, en veux-tu en voilà, des sorties vivifiantes, et ce ciel bleu azur... cela n'empêche pas de s'interroger sur le basculement du monde, de notre France que j'aime sillonner, sur l'avenir qu'on laisse aux futures générations. Au hasard, et puisque la santé est primordiale, tout le monde parle de vaccin. Les Anglais seront les premiers à vacciner à grande échelle avec un produit difficile à stocker à très basse température, aux résultats dont on ne sait pas grand-chose hormis un communiqué des laboratoires l'ayant mis au point. La moitié des Français est réticente, et pour cause. Quid des effets secondaires ? De l'efficacité de ne pas être malade ou de ne pas contaminer, mais en aucun cas d'arrêter la pandémie. Là aussi, je trouve que les gouvernements tâtonnent, le président Macron ayant même dit que, contrairement aux chefs d'Etats américains, il ne se ferait pas vacciner devant une caméra de télévision. Nous partons dans un autre tunnel, l'inconnu est de rigueur.

© Matthieu Constanzo

Les camping-caristes immobilisés

Pour les lecteurs de Camping-Car Magazine, cela signifie tellement d'incertitudes au niveau des déplacements inter-régions; je ne parle même pas des déplacements à l'étranger, quand chaque pays se calfeutre dans ses propres règles faisant éclater l'esprit de solidarité européenne (on le voit avec l'épisode des stations de ski), en obligeant une quarantaine, voire en interdisant la traversée de leurs frontières. Le camping-car, vu comme un lieu de confinement idéal, obligé de rester à l'abri, et peut-être au-delà du 15 décembre (la rumeur folle, mais constante, de ne pas pouvoir atteindre le seuil minimum des fameuses 5000 contaminations par jour fait peur à tout le monde). Je pense à ceux qui ont acheté un véhicule et qui ne peuvent l'utiliser, à ceux qui ne peuvent voyager comme ils en ont l'habitude chaque hiver vers des pays à la météo plus clémente. A la lueur des événements hebdomadaires, toutes les certitudes volent en éclat. Ce que je sais, c'est qu'il faut profiter du moment présent, profiter de ce que la vie nous offre et de tout faire pour rester en bonne santé pour profiter du futur tout en pensant à ceux qui sont obligés d'avoir recours à des dons -et je pense notamment aux Restos du Coeur (ou toute autre association caritative comme la banque Alimentaire) qui sont débordés et qui ont besoin d'argent, que nous pouvons donner puisque nous dépensons moins, confinement oblige, solidarité aidant.

 

Alors, carpe diem et prenez soin de vous et de vos proches.

 

Par Matthieu Constanzo

© Matthieu Constanzo

 

Si vous avez manqué les épisodes précédents :

>>"N'est-ce pas ça le camping-car, retrouver la liberté perdue dans les habitats des villes ?"

>>Confiné dans son camping-car, Matthieu témoigne

>>Journal d'un confiné en camping-car #2

>>Journal d'un confiné en camping-car #3 : Carpe Diem

>>Journal d'un confiné en camping-car #4

>>Journal d'un confiné en camping-car #5

>>Journal d'un confiné en camping-car #6

>>Journal de bord : le bilan d'un confinement en camping-car

>>Confinement #2 : journal d'un confiné en camping-car, semaine #1

>>Confinement #2 : journal d'un confiné en camping-car, semaine 2

>>Confinement #2 : journal d'un confiné en camping-car, semaine 3

>>Confinement #2 : journal d'un confiné en camping-car, semaine 4

 

Vos commentaires